1er mai 2012 : la Nation française est en phase de division avancée
Par nicolas éthèvePublié le
Situation inédite aujourd'hui en France où se déroulent trois types de manifestations différentes liées au 1er mai qui reste pour l'immense majorité des Français, synonyme de Fête du Travail, de vente du muguet et de repas familiaux.
Alors que jusqu'ici, les organisations syndicales organisaient leur traditionnel défilé du 1er mai dans les villes de France, tandis que le Front National honorait dans l'intimité groupusculaire de son parti, à Paris, la figure de Jeanne d'Arc, qui reste, historiquement, pour chacun des Français, la première figure de l'Etat-Nation français, le candidat sortant à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy (UMP) a innové, à 5 jours du second tour de ce scrutin, où il reste en position défavorable face à François Hollande (PS) devant l'élection présidentielle, en annonçant il y a quelques jours organiser une fête du « vrai travail ».
Même si Nicolas Sarkozy a depuis fait évoluer son concept très alambiqué de fête du « vrai travail » pour celui, de vraie fête du « travail », il n'en reste pas moins évident, au travers de ses différentes charges contre les organisations syndicales stigmatisées pour certains de leurs « drapeaux rouges » mis en opposition aux drapeaux « bleu, blanc, rouge », que le Président sortant tente une nouvelle fois de cliver la France entre gauche et droite, avec l'espoir de renverser la vapeur en ramenant dans son sérail l'électorat de Marine Le Pen (FN) qui reste selon l'expression consacrée, le « troisième homme » du premier tour organisé le 22 avril dernier. D'ailleurs, si Nicolas Sarkozy a affirmé pour légitimer sa « vraie fête du travail », que les organisations syndicales ne pouvaient pas privatiser la Fête du Travail, il n'a pas pour autant accusé Marine Le Pen de trop s'approprier la figure historique de Jeanne d'Arc...
Marine Le Pen : "Dimanche, je voterai blanc"
Cette dernière ne lui en n'a pas été plus reconnaissante pour autant. En cohérence avec sa stratégie affichée de recomposition de la droite autour de son pôle d'extrême droite dès les élections législatives françaises qui se dérouleront dans la foulée de la présidentielle, Marine Le Pen a subtilement invité ses électeurs à s'abstenir comme elle, ce dimanche 6 mai, en renvoyant dos à dos l'UMP et le PS qu'elle appelle de tout son grand mépris l'« UMPS ». Le tout guidé par cette déclaration de Marine Le Pen lancée ce midi sur la Place de l'Opéra, avec tout l'aplomb d'une conviction non-erronée au regard des atermoiements de la droite française jusqu'ici représentée à la tête de l’État par Nicolas Sarkozy : « Notre combat historique ne fait que commencer. Nous sommes la boussole de la vie politique française. (…) Nous n'avons rien à attendre de l'UMPS. (…) Dimanche, je voterai blanc. Et en juin, bleu Marine ».
Dans tout ce marasme, François Hollande a sans doute été très inspiré de ne pas participer au défilé des organisations syndicales, ni d'organiser son propre rassemblement pour le travail ou la vraie France. En se rendant, dans l'intimité de sa conscience, à une petite cérémonie d'hommage organisée à Nevers en la mémoire du ministre socialiste Pierre Berégovoy qui s'était suicidé le 1er mai 1993, François Hollande a sans conteste démontré, vu le contexte de cette journée, qu'il savait être un futur Président au-dessus de la mêlée, un Président de tous les Français, à la veille du grand débat télévisuel qui le confrontera ce mercredi soir à son opposant du second tour : Nicolas Sarkozy.