Si elle était appliquée, la décision de Bruxelles pourrait laisser la Corse aux seules mains de Corsica Ferries, ce qui serait le rêve pour elle. (© Google Maps)

La SNCM et la France refusent la décision néolibérale de la Commission européenne

La Commission européenne tente à nouveau d'étouffer la SNCM dans la nasse néolibérale. Alors que le Conseil d'Etat a jugé en juillet que les recours intentés par Corsica Ferries contre la SNCM étaient illégitimes, Bruxelles vient de demander à la Compagnie de rembourser 220 millions d'euros d'aides publiques jugées illégales. L’État français et la SNCM rejettent cette décision.

La Commission Européenne persiste et signe contre la SNCM ! La Société Nationale maritime Corse Méditerranée et la France ont en effet appris hier que Bruxelles voulait exiger le remboursement des subventions versées par la Collectivité territoriale Corse à la Compagnie depuis 2006, au titre du service complémentaire. Ce, au motif très néolibéral, que ces subventions seraient incompatibles avec les sacro-saintes règles de la concurrence, comme l'espérait son concurrent italien low-cost Corsica Ferries, qui, à l'origine de cette procédure, aimerait bien, pour des raisons bien compréhensibles d'emprise sur le marché du transport corse, voir la SNCM rayée de la carte.

220 millions d'euros pour la mort de la SNCM

Hier, l'information a vite fait la Une des journaux : « la SNCM doit rembourser 220 millions d'euros ». Pas question de céder à un tel fatalisme, pour la SNCM, cette injonction pouvant conduire l'entreprise au dépôt de bilan, un scénario explicitement suggéré par Bruxelles dans la dépêche AFP rendant compte de sa décision lapidaire.

Voici ce qu'en dit la direction de la SNCM dans son communiqué de presse :

« La décision qui tombe aujourd’hui ne remet pas en cause les décisions de la justice française mais correspond au déroulement mécanique et décalé dans le temps de la procédure européenne engagée en 2007.

Les voies d’appels et de recours en droit pour contester cette décision de l’Europe existent. Nous allons les saisir avec la plus grande fermeté et la plus grande détermination. Les arguments de droit qui ont prévalu devant le Conseil d’Etat seront également avancés devant l’Europe.

Nous ne sommes pas surpris et nous serrons les rangs afin que cette décision ne renforce ceux qui ne croient pas, à tort, à un avenir industriel à la SNCM. Le travail engagé donc en concertation avec les actionnaires et les salariés sur le plan à long terme continue.

Nous avons déjà connu des périodes agitées et nous savons que les vents contraires vont souffler fort, mais nous gardons le cap de la transformation et nous restons plus que jamais au service de nos clients cet été encore ».

Même point de vue du côté de l'actionnariat salarié de la SNCM, où l'on n'envisage pas du tout la liquidation de l'entreprise qui aurait pour conséquence directe de mettre les quelque 3000 employés (CDI ou saisonnier) de la société face à l'horizon du Pôle Emploi.

Une décision "très choquante"

Du côté de l’actionnariat salarié qui était ce matin réunis avec les autres actionnaires de la SNCM en assemblée générale ordinaire, on juge « très choquante » la décision de la Commission européenne.

« Compte tenu de la décision de Bruxelles, on peut se demander comment les droits de la République et de la Corse ont été défendus à la commission », s'est en effet interrogé hier, devant l'AFP, Maurice Perrin, le représentant des actionnaires-salariés de la compagnie maritime et délégué CFE-CGC. En regrettant que l'UE fasse « parfois preuve d'intégrisme »...

Une analyse que partage sans doute l'Etat français sur le fond de ce dossier, puisque le gouvernement s'est lui aussi fendu d'un communiqué de presse où il réaffirme que « la SNCM joue un rôle indispensable pour assurer le service public de la continuité territoriale entre la Corse et le continent et maintenir une concurrence réelle sur ce marché. » A suivre...