Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. (DR)

Affligeant !

Disons-le tout net et sans détour : le ministre français de l’Intérieur, Claude Guéant, est en mission commandée de manipulation de l’opinion autour de thématiques racistes et xénophobes. Plus clairement, le lieutenant Guéant en campagne se presse de servir la soupe aux électeurs d’extrême droite pour préparer le terrain au candidat Nicolas Sarkozy, visiblement en perte de vitesse.

« Toutes les civilisations ne se valent pas », a-t-il martelé samedi devant l’organisation estudiantine de droite UNI, suggérant l’adhésion à une théorie pour le moins pernicieuse de hiérarchisation des civilisations. Les sociétés occidentales et chrétiennes étant de son point de vue au sommet de l’échelle, portées par des civilisations « qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité » et écrasent donc de leur supériorité celles « qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique ». En conséquence, « nous devons protéger notre civilisation », a donc prêché le ministre de l’Intérieur.

En réaction à la vague d’indignation soulevée par ses propos, Claude Guéant est même monté d'un cran le lendemain, confirmant qu’il désignait précisément les musulmans, citant pêle-mêle, le voile intégral, les prières dans la rue, le sort des femmes, l’atteinte aux libertés, le non-respect de la laïcité…

Un discours tout simplement aberrant au regard de l’histoire de l’humanité, aucune civilisation n’ayant jamais eu pour spécificité l’intolérance, la dictature, la barbarie… Dans ce cas que dire du monde occidental qui a enfanté l’horreur du nazisme, multiplié les crimes coloniaux ? Un discours vide de sens au regard de la première définition du concept de civilisation -ensemble de caractéristiques…- qui exclut la notion de jugements de valeurs.

Nul n’est dupe, Claude Guéant n’ignore pas ces aspects. Il fait seulement mine de confondre civilisation et régimes politiques, mode d’exercice du pouvoir, luttes idéologiques, rapports de force internes aux sociétés qui, quelles que soient leurs caractéristiques, traversent toutes des périodes de lumière, d’obscurité, de déchirement, de progrès, de régression…

Nul n’est dupe, pas même les étudiants de l’UNI, qui ont sûrement bien compris qu’ils offraient à un ministre, devenu coutumier du fait, l’opportunité d’une nouvelle séance de contorsion d’idées fumeuses pour une énième charge raciste et xénophobe. Affligeant !