« Plus Belle la vie » : l’incroyable marque made in Marseille
Par N.TPublié le
En cette période où Marseille est sans cesse plus associée au climat de violence urbaine qui dégrade son image, il est un phénomène sur lequel la cité phocéenne surfe. C’est la série, devenue culte, de « Plus Belle la Vie ». Un feuilleton qui a la cote jusqu’au sommet de l’Elysée, puisque Carla Bruni déclarait dans un entretien à TV Magazine qu’elle faisait partie des millions de Français à suivre les aventures de Roland, Ninon et Mélanie.
Le 21 février dernier, le neuvième prime time intitulé « Coup de froid aux Quatre-Soleils » captait 20% des parts d’audience. Autant dire que la série recueille l’attention, voire la passion, d’un vrai public. Après Agadir, Bruxelles, Lyon, les scènes de tournage ont cette fois été réalisées à Paris. « PBLV » voyage bien…
Initialement perçue comme un OVNI audiovisuel, elle a su dégager un accent, une atmosphère qui, grâce à l’achat des droits télé, s’exportent en Belgique, en Suisse, en Finlande, en Estonie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie, en Croatie, au Canada et au Maghreb, ainsi que dans les autres pays du monde où est diffusée la chaîne TV5 Monde. Et l’avenir peut être lumineux, Tel France, la société de production, ayant annoncé poursuivre l’aventure jusqu’en 2016. Le 2000e épisode est pour bientôt.
1500 visiteurs prennent d’assaut la boutique les jours d’été
Dans le cœur historique de la ville, les palpitations battent fort plus on se rapproche de la boutique « PBLV ». Un petit local redécoré aux couleurs de la série. Dans cette caverne d’Ali Baba, on y trouve de tout : cartes postales, porte-clefs, tee-shirts, éléments de décoration... Un véritable bonheur comme pour ce groupe de cinq Messins ou ce Toulousain venus faire un détour avant d’assister au dernier match européen de l’OM. Ce dernier avoue «regarder tous les jours la série depuis que je l’ai découverte en zappant. Je retrouve le soleil du Sud et ses charmantes actrices.»
Depuis le 11 juillet 2008, Philippe Bonifay, le responsable de cette boutique, située en face du « Bar des 13 coins », qui a servi de modèle au bar de Mistral, présent dans les studios de la Belle de Mai, surfe sur l’attrait de la série. «On compte environ 150 visiteurs par jour, et 1500 lors des journées d’été. Cela confirme un sondage réalisé l’an passé par La Provence selon lequel Plus Belle la vie faisait partie des trois endroits les plus visités après Notre Dame de la Gare et le Stade Vélodrome», argumente-t-il. Les gens viennent avant tout s’imprégner de l’ambiance de leur feuilleton préféré. Il y a deux clientèles, les passionnés et les touristes, majoritaires, visitant le quartier et à la recherche d’un souvenir. Les questions récurrentes portent sur le lieu de tournage, les gens demandent si on peut visiter les studios, certains ont même cru que nous tournions dans la série !» Des produits comme le savon de Marseille ou le chocolat ont notamment été labélisés «PBLV»
Pour poursuivre le voyage dans l’imaginaire devenu réel, un film de vingt minutes est projeté dans le cinéma Le Mistral, situé en face de la boutique. Un making-of retraçant l’histoire de la série est offert pour trois euros.
Des visiteurs du monde entier, 100 000 touristes en plus pour Marseille
Les gens viennent du monde entier. Des expatriés vivant à Bali, à Shangaï, et même à Saint-Pierre et Miquelon ont fait un détour par la boutique. «Suivre la série leur permet de voir l’évolution de leur ville et les problèmes de la société», témoigne Philippe Bonifay.
Quand ce ne sont pas les fans qui viennent à la rencontre des comédiens, ces derniers s’occupent de promouvoir la renommée de « PBLV » lors de festivals, comme à St-Topez, Colmar, Luchon, Monte-Carlo, Paris, La Rochelle, ou lors d’événements exceptionnels, comme la Foire de Marseille, les émissions Fort Boyard ou 30 millions d’amis.
La ville de Marseille tire profit de cette popularité puisque 100 000 invétérés de la série investissent ainsi la cité phocéenne chaque année. Le marché des produits dérivés est aussi boosté sous l’effet de cette notoriété : jeux de société, jeux vidéo, CD, bande-dessinée, recettes de cuisine… la marque Plus belle la vie ne connaît pas la crise.
Seule ombre au tableau, le contrat entre la production et la compagnie maritime assurant, depuis le Vieux Port jusqu’aux calanques, n’a pas été reconduit après deux années d’exercice, durant lesquelles les voyageurs se voyaient indiquer en chemin les lieux de tournage de la série Produite par Hubert Besson, la série vit son huitième saison.
« Plus belle la Vie » peut, quoiqu’il arrive, se gargariser d’une longévité rarement constatée pour une série en France. Pourvu que ça dure, doivent se dire les téléspectateurs et les 600 000 fans de sa page Facebook !
La vie culturelle au Panier, c’est aussi la Vieille Charité
Devant principalement son attractivité culturelle au centre de la Vieille Charité, classé monument historique depuis 1951, le quartier du Panier s’est donc trouvé depuis août 2004 un autre facteur d’identification avec la diffusion de la série de France 3. Quel est l’impact du succès du feuilleton sur la fréquentation de ce bâtiment du XVIIe siècle, comprenant le musée d’archéologie, le musée des arts africains, océaniens et amérindiens et des expositions temporaires et réhabilité dans les années 1980 sous l’impulsion de l’ancien maire Gaston Defferre ?
« La série a mis un coup de projecteur sur le quartier en suscitant une curiosité chez les fans qui viennent au plus près de leurs acteurs, indique Emmanuelle Farey, en charge de la communication de la Vieille Charité. Nous tirons bénéfice de ce phénomène, mais c’est aussi valable dans le sens inverse. » Une relation gagnant-gagnant en somme.
« L’an passé, sans compter les personnes qui ne font que circuler dans les coursives et la chapelle sans prendre un billet payant, nous avons reçu quelque 250 000 visiteurs », justifie cette dernière.
Le succès retentissant de l’exposition « L'Orientalisme en Europe de Delacroix à Matisse », qui a attiré 105 000 visiteurs de juin à août 2011, confirme que la Vieille Charité reste un haut-lieu du patrimoine culturel marseillais. «C’est un bâtiment emblématique, les gens viennent volontiers, d’autant qu’un des circuits du petit train s’arrête juste devant», ajoute Emmanuelle Farey.
Aussi grande la ferveur pour « PBLV » soit-elle, la force de l’histoire reste précieusement gardée à l’intérieur des murs de l’incontournable Vieille Charité.