PSG-Zagreb : une bataille rangée de hooligans à Bastille, source d'amalgames pour les Ultras
Par nicolas éthèvePublié le
Voila un fait divers qui risque fort de ne pas arranger la cause des Ultras, moins d'un mois après l'organisation de leur grande manifestation nationale à Montpellier ! Plusieurs dizaines de Parisiens du KOB se sont affrontés en bataille rangée à des Croates du Bad Blue Boys venus illégalement dans la capitale française où se joue aujourd'hui le match opposant le PSG au Dinamo Zagreb en Ligue des Champions.
Ces tristes événements se sont déroulés au cœur de Bastille, après 22h. L'alerte a d'abord été donnée sur Twitter où plusieurs témoins de la scène en ont immédiatement rendu compte sur le réseau social de microblogging.
« Violents affrontements à Bastille en marge du match PSG ZAGREB ! 40 hools de chaque côté », décrit notamment Viktor Alexei qui indique également qu'« un policier vient de se prendre une bonne droite des famille » et que « son nez saigne abondamment ».
Voici ce que montre de la scène une vidéo amateur filmée par un des riverains de ce spectacle avant d'être adressée à So Foot :
Pour Viktor Alexei c'est une évidence, tous ces bagarreurs sont des hooligans. Notre observateur donne même le nom du groupe des Parisiens : il s'agit du « KOB », un Kop of Boulogne historiquement ancré dans le hooliganisme et non affilié au mouvement ultra qui « n'a visiblement pas perdu la main » vu l'« incroyable humiliation » qu'il a administrée aux Croates, ce qui fait glisser à notre twitteur, cette assertion étrange : « Respect, malgré la haine ».
Un jugement de valeurs spécieux que le Moustache Football Club balaye d'un revers de pilosité sur sa page Facebook : « Si beaucoup trop d'amalgames ultras/hooligans sont faits par les médias, aidés par les politiques et les pouvoirs publics, ce genre de déclaration ambiguë est malheureusement là pour les nourrir. Quand les ultras arrêterons d'être fascinés par les hooligans, peut-être qu'ils marqueront des points ».
KOB versus BBB
En la matière, tout ne peut cependant pas être mis sur le dos de cet Ultra, Viktor Alexei, qui en quelques tweets rapides, a le mérite d'identifier clairement le groupe de supporters dont faisaient partie les hooligans parisiens d'hier soir, alors que les médias en restent tous à la seule appellation large et fourre-tout de « supporters », à l'heure où Médiaterranée publie ces lignes. C'est notamment le cas de L'Equipe qui a été le premier journal a sortir l'information hier soir à partir d'une dépêche AFP, comme celui de TF1 qui a publié ce matin la nouvelle de ce fait divers sur son site internet, pour ne citer que ces deux exemples.
Le nom du groupe de supporters croates est lui, par contre, spécifié par tous les médias, même s'il l'est de façon erronée : il ne s'agit pas, en effet, des « Blue Bad Boys », comme on peut le lire et l'entendre partout, mais des « Bad Blue Boys ».
Les méfaits du hooliganisme
Une rapide recherche sur Wikipédia quant à la nature de ce groupe de supporters montre que le piège de l'amalgame entre hooligans et Ultras est bel et bien là : les BBB y sont en effet présentés comme « un groupe » d'« Ultras » classé « en catégorie C des supporters par l'UEFA, la fraction la plus violente et crainte des Ultras européens ». Mais il suffit de s'intéresser un minimum au mouvement Ultra pour pouvoir immédiatement couper court à ce risque d'amalgame. Car la culture croate des Ultras n'est pas du tout la même que celle que l'on peut trouver en Europe de l'ouest, comme en France ou en Italie : les Bad Blue Boys, ce sont des hooligans, point !
Autre fait certain : ces hooligans sont venus sur le territoire français, malgré l'arrêté d'interdiction pris dimanche par Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur de l'Etat français. Ils ont donc fait le déplacement pour en découdre, comme le démontre la triste scène d'hier soir, même si selon les premiers éléments recueillis dans le cadre de l'enquête en cours, aucun rendez-vous de « fight » n'était pris. De nombreux membres du KOB étant d'origine serbes, il est également à peu près certain que les rancœurs politiques nourries par les Croates contre les Serbes, dont on peut souvent voir le drapeau virevolter dans la tribune de Boulogne, ont pu être un moteur de ce déplacement à haut risque.
Le bilan est très lourd pour tous ces hooligans, avec 24 interpellations et au moins un Croate grièvement blessé. Mais il l'est aussi pour les Ultras de l'Europe de l'Ouest qui risquent fort de se retrouver, une fois de plus, mis dans le même sac de la violence bestiale des hooligans, médiatiquement et symboliquement, au même titre que tous les supporters de football...
Mise à jour du 6 novembre 2012, à 15h40 : « Hooliganisme : 80 supporters croates interpellés », vient de titrer RMC.fr. Tous ont été cueillis ce midi dans un hôtel parisien par les policiers venus avec 4 cars de CRS pour les placer en garde à vue dans les commissariats du 11ème et du 18ème arrondissement. Ces 80 personnes s'ajoutent donc au 20 supporters croates interpellés ce lundi soir, souligne la radio.
« Au vu des incidents du match aller, nous savions que des supporteurs qui n'ont rien à voir avec l'amour du football, pouvaient se livrer à des violences et à des exactions », a expliqué à la presse Manuel Valls dans les locaux de l'Assemblée nationale, rapporte également RMC.fr. « Des poursuites auront lieu contre ceux qui se sont livrés à des violences et ils seront reconduits à la frontière. Des supporteurs parisiens qui étaient interdits de stade feront aussi l'objet de poursuites et évidemment le dispositif policier pour le match de ce soir va être renforcé », a également ajouté le Ministre de l'Intérieur. Et les hooligans parisiens qui n'étaient pas interdits de stade, mais ont participé à ces violences, ils ne seront pas poursuivis, eux ?
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