Le Parti de la Liberté et de la Justice, la branche politique des Frères Musulmans, et parti de l’ancien président Morsi, appelle à un soulèvement. (Xinhua)

L’Egypte plonge dans le chaos

Les événements prennent une tournure de guerre civile en Egypte. Ces derniers jours, de violents affrontements ont fait des dizaines de morts, et les partisans de l’ancien président Morsi, destitué par l’armée, appellent à “un soulèvement.” 

Après un week-end ultra-tendu, le calme n’est toujours pas revenu en Egypte. Depuis une dizaine de jours, la situation s’est embrasée, et les victimes ne cessent de tomber de toutes parts. 

L’ambiance explosive dans les rues n’est pas arrangée par l’incertitude politique qui règne dans le pays. Mercredi dernier, l’armée évinçait Mohamed Morsi, le président, et indiquait une “feuille de route” pour les jours à venir.

L’intervention militaire s’est faite pour éviter un bain de sang. Mais les Frères Musulmans, dont Morsi était le représentant, ont dénoncé un coup d’Etat contre le président démocratiquement élu. Dans un premier temps, les responsables des Frères appelaient à ne pas s’en prendre à l’armée et à maintenir une “résistance pacifique”. 

Des rassemblements de soutien au président déchu se sont formés, et, malgré les consignes de “résistance pacifique”, de violents heurts ont eu lieu en fin de semaine dernière avec les opposants à Morsi. 

 

Affrontements sanglants

Ce week-end, les affrontements n’ont pas cessé, notamment au Caire et à Alexandrie. Depuis lundi matin, la tension est montée d’un cran, avec un assaut des militants islamistes près du siège de la Garde Républicaine, dans la capitale. 

L’armée, qui a parlé une attaque d’un “groupe terroriste”, et “d’éléments armés des Frères Musulmans”, a réprimé violemment les assaillants, causant au moins une quarantaine de morts

La confrérie estime quant à elle que les militaires ont agressé un rassemblement pacifique. Le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), le parti de Morsi, branche politique des Frères Musulmans, a appelé au soulèvement. 

Lors d’une conférence de presse, tenue à la mi-journée, les Frères Musulmans ont réitéré leur appel au soulèvement et ont notamment déclaré :Ce jour ne peut pas être effacé. Il restera comme une tache indélébile sur les militaires qui ont ouvert le feu contre des citoyens égyptiens.”

En ce début d’après-midi, de nouveaux affrontements meurtriers, et le risque de basculement dans une véritable guerre civile sont à craindre. 

A cette situation explosive de la rue s’ajoute une instabilité politique qui ne se résout pas. Dans sa “feuille de route”, l’armée devait désigner un président provisoire, chargé de nommer un Premier ministre. 

 

Impasse politique

Adly Mansour, président du Conseil Constitutionel égyptien, est devenu président par intérim jeudi. Depuis, les négociations n’ont pas permis de trouver un consensus sur le nom du futur premier ministre. 

Mohamed El-Baradei, ancien directeur de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) et Prix Nobel de la paix, considéré comme le porte-parole des contestataires de la place Tahrir ces derniers jours, était pressenti pour la poste.

Sa nomination était même annoncée vendredi, mais dans la soirée, la présidence démentait. Les salafistes du parti Al-Nour, présents à la table des négociations, ont en effet refusé de valider sa prise de fonction. 

Durant tout le week-end, la situation restait au point mort. Dimanche soir, la désignation de Ziad Bahaa Eldin, qui a dirigé plusieurs institutions économiques égyptiennes, était pressentie. El-Baradei devait quant à lui occuper le poste de vice-président. 

Mais ce matin, Al-Nour, en dénonçant le "massacre" de partisans des Frères Musulmans devant le siège de la Garde Républicaine, indiquait qu'il se retirait des discussions.

Plus que jamais, la situation reste bloquée, et l’Egypte s’enfonce dans le chaos. Demain doit commencer le Ramadan. Difficile de prévoir comment se déroulera ce mois sacré dans le contexte brûlant que connaît le pays.