La triangulaire Mourrut-Guyot-Collard évite au Gard la configuration offerte par Chassain au FN, en Arles, dans les Bouches-du-Rhône
Par nicolas éthèvePublié le
Suite à un suspens insoutenable, Étienne Mourut - le député UMP sortant arrivé troisième au 1er tour des législatives avec 23,89 %, derrière la socialiste Katy Guyot (32,87%) et le candidat du « Rassemblement bleu Marine », Gilbert Collard (34,57%) -, a décidé aujourd'hui, à l'invitation ferme de sa direction politique nationale, de se maintenir au 2nd tour des élections législatives qui se tiendront ce dimanche, sur la 2ème circonscription du Gard.
A la grande déception de l'avocat médiatique Gilbert Collard, qui, absent du débat télévisuel organisé sur TV Sud avec les candidats en lice sur cette circonscription, avait appellé les électeurs de l'UMP (sur iTélé et à grands renforts d'effets de manche, après le dépouillement des urnes) à voter pour lui au second tour des législatives : « Le député M. Mourrut a quasiment les mêmes idées que nous, il n'y a donc aucune raison pour qu'il fasse élire, en se maintenant, un député socialiste », avait notamment lancé Gilbert Collard, sur cette chaîne-là, assortissant son commentaire de cette sentence lapidaire : « Les gens ne le comprendraient pas ».
Grosse pression sur Mourrut
Mieux encore, ce matin, dans Midi Libre (12.06.12), Gilbert Collard a mis « la pression » sur Etienne Mourrut, le maire du Grau-du-Roi, en ces termes : « Si Mourrut fait un geste, j'en ferai un. De toute façon, je suis contre le cumul des mandats ». Sous-entendu, « si tu te désistes au 2nd tour des législatives, je ne viens pas te menacer dans ta mairie aux municipales de 2014 ». Ce qui prêterait à sourire, si le sujet n'était pas si grave, dans la bouche du candidat du Front National qui s'est érigé, toujours dans l'interview accordée à iTélé , contre « les combines électorales » et le « terrorisme intellectuel »...
Fort heureusement, Etienne Mourrut a préféré cette option républicaine du maintien dans une triangulaire, à l'heure où la frontière entre la droite républicaine et la droite extrémiste s'avère toujours plus floue, comme Médiaterranée l'avait annoncé ici, au lendemain du second tour de l'élection présidentielle conclu par la victoire de François Hollande (PS).
Contrairement au choix effectué par l'UMP Roland Chassain, qui, dans le même cas d'une triangulaire défavorable sur la 16ème circonscription des Bouches-du-Rhône (incluant la Ville d'Arles), a décidé de se retirer pour laisser place au seul duel FN-PS, incarné par Valérie Laupiès et Michel Vauzelle, le président socialiste de la Région PACA...
Une annonce commentée avec cette formule savoureuse, donnée encore une fois sur iTélé, où il a également indiqué (sic!) n'« avoir reçu aucune remontrance de l'UMP », alors que Le Monde (07.06.12) nous informe du contraire : « On a des idées convergentes, il faut les mettre sur la table. Le but c'est d'avoir une discussion, c'est tout. (…) Il n'y a pas que des pestiférés : Marine Le Pen, ce n'est pas Jean-Marie Le Pen ».
Convergences entre droite et droite extrême
Alors que des actes racistes particulièrement violents secouent la Grèce, sur les plateaux télés, comme dans la rue, ce positionnement politique d'un membre de l'UMP a de quoi inquiéter tous les démocrates français, alors que Jacques Chirac avait créé ce parti entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2012 avant d'être élu par 82% des voix (fait inédit dans la 5ème République Française), notamment à l'appel de Lionel Jospin, le candidat socialiste évincé dès le 1er tour par... Jean-Marie Le Pen, le fondateur du FN !
Dans tout ce marasme, Katy Guyot reste plus que jamais confiante et déterminée face à Gilbert Collard. « Je suis prête », à-t-elle encore répété haut et fort aujourd'hui. Elle peut d'autant plus l'être, face au candidat du FN, que le socialiste Manuel Valls, nouveau Ministre de l'Intérieur que personne ne peut soupçonner de laxisme en matière de lutte contre l'insécurité, reviendra vendredi sur ses terres gardoises pour redire une nouvelle fois, après sa visite de jeudi dernier, tout son attachement à cette « candidate du terroir » et à la sécurité des électeurs de son territoire qu'elle défendra pour sa part, à l'assemblée nationale, si elle y est élue, dimanche prochain.
Mise à jour du 13 juin à 10h25 :
Contrairement au Gard, les lignes bougent entre la droite et la droite extrême dans le département des Pyrénées-Orientales, en Languedoc-Roussillon. Louis Aliot, le numéro 2 du FN en mauvaise posture pour sa candidature de 2nd tour sur la 1ère circonscription des P-O, a annoncé le retrait de Irina Kortanek (FN) sur la 2ème circonscription de ce département où s'affronteront donc en duel, à défaut d'une triangulaire, Fernand Siré, le député UMP sortant et Toussainte Calabrèse (PS). Comme le souligne Midi Libre dans son édition du jour (13.06.12), il s'agit pour le catalan vice-président du Front National, de répondre « à la main tendue de Fernand Siré » qui avait expliqué « croire au front de droite » et demandé à « arrêter de diaboliser le Front National ». Un discours identique à celui tenu hier, par l'UMP Roland Chassain, sur la 16ème circonscription des Bouches-du-Rhônes... Là-bas comme ici, les lignes bougent décidément beaucoup !
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