« Tel-Aviv sur Seine », check-points et décibels
Par N.TPublié le
L’initiative en l’honneur de Tel-Aviv voulue par la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est transformée en tribune libre ultrasécurisée des supporters de la politique d’Israël. Un malaise auquel tout le monde n’a pu assister…
La maire socialiste de Paris aurait voulu donner carte blanche aux soutiens de la politique israélienne qu’elle ne s’y serait pas prise autrement. En maintenant la journée Paris Plages dédiée à Tel-Aviv, ceci, malgré les vives protestations d’élus et d’associatifs, Anne Hidalgo a pris un risque parfaitement assumé. Celui d’offrir une formidable vitrine au gouvernement ultradroitier de Benyamin Netanyahou, assurant un blanchiment de sa politique criminelle sous paillettes et décibels. Et même si, la main sur le cœur, Anne Hidalgo et ses porte-parole ont assuré qu’il ne fallait pas amalgamer Tel-Aviv la progressiste avec la politique brutale d’Israël, « Tel-Aviv sur Seine » a magnifiquement joué son rôle de promoteur de l’État colonial tout entier.
Fallait-il encore, pour s’en convaincre, pouvoir atteindre ladite portion de quai de Seine qui courait sur une grosse centaine de mètres, à hauteur de l’Hôtel de Ville. Au-dehors, barrières, cordons, CRS et gendarmes mobiles. À l’entrée, un check-point où certaines personnalités peuvent passer sans souci, tandis que la grande majorité doit subir la fouille au corps. Esprit festif, quand tu nous tiens…
Certains sont refoulés manu militari par la police
D’autres, enfin, se voient tout bonnement refuser l’accès et certains sont refoulés manu militari, dans le meilleur des cas par la police, sinon par des gros bras vociférant et agissant dans la plus parfaite impunité. Eux, ce sont les militants de la Ligue de défense juive (LDJ), une organisation d’extrême droite se réclamant du sionisme, officiellement interdite, mais clairement protégée par les exécutifs français successifs, de droite comme de gauche (voir notre édition du 13 août). Parmi les victimes de ce tri sélectif perpétré sous les yeux complices, voire approbateurs, des forces de l’ordre, Marie et Daniel, deux copains soutenant les Palestiniens et venus avec leur keffieh sur les épaules. « Ma seule accréditation, c’est d’être une citoyenne française, relève Marie. La France ne peut pas cautionner la politique d’Israël qui pratique la torture et qui continue d’expulser des gens de leur territoire.» Sans agressivité ni discours véhément, les deux militants sont rapidement pris à partie par des visiteurs pro-israéliens qui jugent leur présence provocatrice. En matière d’opération souhaitant favoriser la paix entre les deux peuples, comme l’a affirmé Anne Hidalgo, on fait mieux. Tous deux, après intervention de la LDJ, sont refoulés par les policiers.
Tandis que les très nombreux journalistes prennent place et interrogent des visiteurs affichant clairement leur attachement à Israël – « On ne peut dissocier Tel-Aviv d’Israël comme l’a fait Hidalgo, nous sommes là pour soutenir notre pays de cœur », assure, par exemple, Karine –, les militants de la cause palestinienne installent un « Gaza sur Seine » sur la plage d’à-côté. Au menu, détente, musique, danse, débats et vente de produits des territoires occupés. Les deux plages sont séparées par des hordes de policiers. Égales ? Pas exactement. Les visiteurs de « Tel-Aviv sur Seine » peuvent, à leur guise, sortir pour visiter « Gaza sur Seine » et, éventuellement, venir mettre leur grain de sel. L’inverse n’est pas possible…
« Cet acte a confirmé un tournant du Parti socialiste »
Mais comment et pourquoi en est-on arrivé à un tel fiasco ? Selon plusieurs sources concordantes, Anne Hidalgo, à l’occasion de sa visite à Tel-Aviv au printemps dernier, se serait laissé berner par des autorités israéliennes trop heureuses de s’offrir un événement aussi prestigieux en jouissant d’une parfaite exclusivité. Lorsque Danielle Simonnet, élue PG de Paris, l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) et les élus PCF-Front de gauche ont tiré la sonnette d’alarme, la maire aurait pu faire machine arrière. Mais c’était sans compter sur la machine socialiste. « Durant les bombardements de Gaza, à l’été 2014, Hollande a clairement apporté son soutien à l’État israélien via un communiqué de la présidence, rappelle Danielle Simonnet. Cet acte a confirmé un tournant du Parti socialiste vis-à-vis de ses relations géopolitiques dans cette partie du monde. C’est regrettable. »
Source: l'humanité.fr
http://www.humanite.fr/tel-aviv-sur-seine-check-points-et-decibels-581455