Le Mémorial de la Déportation Homosexuelle condamne les propos « négationnistes » de Christian Vanneste
Par nicolas éthèvePublié le
Et une sortie de plus pour Christian Vanneste, le député UMP du Nord ! Peut-être bien une sortie de trop... C'est ce que souhaitent les nombreuses voix qui s'élèvent pour condamner les derniers propos de Christian Vanneste, selon lesquels « la déportation des homosexuels » serait « une légende » en France. « En dehors des trois départements annexés, il n'y a pas eu de déportation des homosexuels en France », a notamment affirmé l'élu dans une vidéo aux relents nauséeux diffusée depuis vendredi 10 février sur le site Liberté politique.com.
Parmi les nombreuses réactions politiques et associatives qu'ont généré ces propos jugés tout aussi « homophobes » que « négationnistes », le Mémorial de la Déportation Homosexuelle (MDH), une association présidée par le montpelliérain Hussein Bourgi, a diffusé un long communiqué étayé par de nombreux repères, quant à la réalité historique de la déportation homosexuelle en France.
La négation d'une réalité historique
« La déportation pour motif d’homosexualité depuis la France a clairement été établie en 2001 par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD), puis précisée grâce à des recherches parcellaires sur des archives à l’occasion d’un colloque tenu en 2007, souligne notamment le MDH. Certains furent déportés depuis les départements alsaciens et lorrains, dont M. Vanneste semble accepter l'annexion par le Reich avec facilité et aisance. Pour tous ceux qui aiment la liberté, dont nous sommes, l'Alsace et la Lorraine sont demeurées la France entre 1940 et 1944. Pierre Seel, qui fut le premier déporté Français pour motif d’homosexualité à témoigner, fait partie de ces victimes dont nous ne laisserons pas salir la mémoire ».
« Les recherches de la FMD ont notamment permis de retracer l’itinéraire de certaines victimes arrêtées à Paris ; plusieurs d’entre elles ont été transférés au sein de transports de "politiques" vers Buchenwald », rappelle dans son communiqué le MDH qui recense ensuite des cas de déportation pour motif d'homosexualité depuis Paris, tels que celui de « Jean Henri T., artiste dramatique arrêté en 1944 à Paris car il entretenait une liaison avec un Allemand » ou de « Georges C., homosexuel âgé de 17 ans et originaire de Dreux », mort de tuberculose dans le camp de concentration où il fut déporté.
Mémoire salie
De plus, « la déportation pour motif d'homosexualité depuis la France a été mentionnée par le Premier Ministre Lionel Jospin en 2001 et par le Président Jacques Chirac en 2005 à l’occasion du 40e anniversaire de la Libération des camps », note également le MDH , avant de dénoncer « le délire obsessionnel contre les homosexuels de Christian Vanneste dont ce dernier dérapage ne consiste ni plus ni moins qu’à profaner la mémoire des victimes de la déportation pour motif d’homosexualité ».
C'est pour toutes ces raisons que le MDH a demandé à François Fillon, le premier ministre du gouvernement français, de « condamner de manière officielle les propos d’un des membres de sa majorité parlementaire, qui vient d’être réinvesti par son parti pour les élections législatives des 10 et 17 juin 2012 ». Jean-François Copé est également invité à « prendre ses responsabilités en excluant Christian Vanneste de l’UMP et en lui retirant son investiture pour les prochaines élections législatives ».
Secrétaire général du parti qui présente Nicolas Sarkozy comme candidat à sa propre succession à l'élection présidentielle française, Jean-François Copé a justement inscrit trois points, hier, à l'ordre du jour de la prochaine réunion du bureau politique de l'UMP qui se tiendra mercredi prochain : l'exclusion de Christian Vanneste, le retrait de son investiture dans le Nord aux élections législatives à venir dans la foulée de la présidentielle et l'investiture d'un autre candidat UMP à sa place.
Christian Vanneste : « Je ne serai pas exclu »
Une hypothèse que Christian Vanneste a retoqué ainsi au micro d'Europe 1 : « Je ne serai pas exclu et je n'ai pas l'intention de quitter l'UMP ». Oscillant, toujours au micro d'Europe 1, entre condamnation de la « déportation homosexuelle » et nouvelles attaques contre le « lobby homosexuel » qui aurait « un poids un peu trop important » sur « les médias » et dans le propre camp idéologique du « président de la République »...
Rappelons ici que Christian Vanneste avait été condamné en 2006 pour injures envers les homosexuels, dans le cadre de ladite loi du 30 décembre 2004, après avoir affirmé que l’homosexualité était « inférieure » à l’hétérosexualité et « dangereuse pour l’humanité », « si on la pousse à l’universel ». Christian Vanneste avait ensuite été blanchi en 2008 par la Cour de cassation qui avait considéré ces propos dans les limites de la liberté d'expression.