La fédération du PS 13 mise sous tutelle
Par jcsPublié le
Mardi soir, à l'unanimité, le bureau national du Parti Socialiste a voté la mise sous tutelle, jusqu'au 31 mars 2014, de la fédération du PS des Bouches-du-Rhône.
Dès hier, en fin d'après-midi, la nouvelle était prévisible. Harlem Desir, le premier secrétaire du Parti Socialiste avait pris la décision d'inscrire à l'ordre du jour du bureau national cette mise sous tutelle. Elle a donc été adoptée sans encombre dans la soirée.
Concrètement, cela signifie qu'Alain Fontanel, secrétaire national aux fédérations, et Christophe Borgel, secrétaire national aux élections, seront à la tête d'une « direction collégiale » qui administrera la fédération du PS 13 jusqu'à fin mars 2014.
Affaires et divisions internes
Cette décision intervient dans un contexte particulièrement lourd pour le PS local. Durant ce mois de mars, les déboires judiciaires se sont accumulés pour les ténors socialistes du département.
Ainsi, deux ans de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité ont été requis lors du procès de Sylvie Andrieux, députée des quartiers Nord de Marseille, soupçonnée d'être au cœur d'un système clientéliste reposant sur des détournements de subvention publique. Et Jean-Noël Guérini, le président du Conseil Général 13, ainsi que Jean-David Ciot, premier secrétaire fédéral, ont été mis en examen pour une affaire de licenciement présumé arrangé.
Ces différentes affaires, ajoutées aux divisions internes dans la fédération, ont conduit la direction nationale à prendre cette décision. Le but étant de rétablir l'ordre et surtout de préparer de la meilleure des façons l'échéance des municipales de 2014.
Des primaires, en vue de ces élections, sont prévues à l'automne 2013, et l'une des missions de la nouvelle direction collégiale sera de les organiser de manière transparente. A Marseille, notamment, les ambitions sont particulièrement aiguisées. Patrick Menucci, Eugène Caselli, ou Samia Ghali, entre autres, se sont déjà posés en candidats potentiels, et, craignant la cacophonie, le parti souhaite « créer les conditions pour réussir [ces primaires], c'est-à-dire, battre la droite. »
Réactions contrastées
Bien évidemment, les réactions à cette décision ne se sont pas fait attendre, et elles révèlent les clivages profonds qui entament la fédération des Bouches-du-Rhône. Avec toujours en ligne de mire l'élection municipale, chacun pose ses pions et se détermine en fonction de ses intérêts et de son ambition personnelle.
Ainsi, Patrick Menucci, lui-même membre du bureau national, « approuve la décision et appelle tous les militants, élus et responsables socialistes des Bouches-du-Rhône à se rassembler pour reconstruire notre légitimité collective ».
Samia Ghali, elle, est beaucoup plus mesurée. Elle « espère simplement que nous allons maintenant pouvoir organiser ces primaires, puisque, apparemment, plus aucun obstacle ne s'y oppose. »
Eugène Caselli, prend « acte de cette décision », se dit « triste pour les militants », et en profite pour réaffirmer son ambition : « En ce qui me concerne, cela ne change rien à ma détermination. Je suis candidat à la mairie de Marseille. »
Quant à Marie-Arlette Carlotti, la ministre du gouvernement Ayrault, probable candidate en 2014, bien que cela ne soit pas officiel, elle est également intervenue. Rétive à l'idée de primaire, elle a choisi de rester discrète dans ses commentaires, parlant simplement « d'un signe de transparence ».
Enfin, Jean-David Ciot, le premier secrétaire actuel, désavoué par cette décision, estime que « c'est une erreur et espère que la mesure n'aura pas tendance à faire exploser le parti. »
Objectif reconquête
La direction collégiale a une année devant elle pour recoller les morceaux et tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Marseille, mais également Aix-en-Provence, sont des enjeux majeurs dans la perspective des municipales. Le PS s'est mis en tête de reconquérir à tout prix les deux villes. S'il n'y parvient pas, l'échec serait cuisant.
Avec la mise sous tutelle, le parti veut rétablir l'autorité pour atteindre ces objectifs. Au risque de faire passer les socialistes des Bouches-du-Rhône pour une bande de gamins dissipés qu'il faut recadrer. L'avenir dira si ce choix était le bon.