Robert Ménard : jusqu'où ira-t-il ?
Par nicolas éthèvePublié le
Militant de la Ligue Communiste Révolutionnaire entre 1973 et 1979, cofondateur de RSF à Montpellier (Languedoc-Roussillon) en 1985, partisan de la peine de mort aujourd'hui,... Et bientôt intervenant vedette d'une table ronde organisée par Polémia, un think thank d'extrême droite animé par Jean-Yves Le Gallou ! Robert Ménard est un être protéiforme. Portrait...
Né en 1953 à Oran, à l'époque de l'Algérie française, Robert Ménard regorge de surprises et d'apparentes contradictions. Il déborde d'énergie, aussi... C'est d'ailleurs grâce à elle qu'il s'est forgé un nom. Tant et si bien, que son patronyme reste aujourd'hui quasiment indissociable de l’emblème Reporters Sans Frontières (RSF), qu'il a cofondée, à l'aube de ses 32 ans, avec trois autres journalistes de la région montpelliéraine (Rémy Loury, Jacques Molénat et Emilien Jubineau).
L'un d'entre-eux le confie souvent, au hasard des discussions : Robert Ménard n'a jamais ménagé sa peine pour transformer la petite association d'alors, en la grande institution mondiale de défense de la liberté de la presse qu'elle est devenue. Une institution qui a pignon sur rue depuis des années, dans les médias, dans les librairies et dans le cœur des gens.
Des personnes qui se souviendront toujours des grands coups d'éclats de RSF, tels que celui des Jeux Olympiques de Pékin, en 2008. Tandis que d'autres se rappelleront surtout de sa défense à géométrie variable de la liberté d'expression des journalistes dans le monde...
De RSF au Qatar...
C'est après cette grande opération coup de poing contre l'Empire du milieu, que Robert Ménard, promu Chevalier de la Légion d'Honneur juste avant les JO, décide de tirer sa révérence, le 30 septembre 2008. Pour ce qui concerne le poste de directeur de Reporters Sans frontières, s'entend. Et pour pouvoir se consacrer pleinement à ses récentes fonctions de directeur du centre de Doha pour la liberté de l'information, au Qatar. Alors même que ce pays n'est connu ni pour ses valeurs démocratiques, ni pour son respect de la liberté d'expression...
En juin 2009, Robert Ménard jette quand même l'éponge en estimant, dans un communiqué, ne plus avoir « ni la liberté, ni les moyens de travailler ». Fin 2009, direction iTélé, où Robert Ménard met un point d'honneur, au fil des interviews et des chroniques, à s'illustrer comme un fervent partisan de la peine de mort. A tel point que son ex-collègue Julien Bugier, aujourd'hui présentateur de JT sur France 2, tient, le 15 décembre 2010, à afficher sa différence de point de vue...
Pas de quoi remettre en question Robert Ménard qui poursuit sa collaboration à iTélé. En inscrivant inlassablement ses différentes sorties dans la ligne de son combat historique pour la liberté d'expression. Un sanctuaire censé protéger chacun de ses positionnements. C'est ainsi que Robert Ménard coécrit, avec son épouse Emmanuelle Duverger, le livre Vive le Pen ! (éditions Mordicus, 2011). Un titre qui oscille entre provocation délibérée et slogan de campagne...
C'est également ainsi que Robert Ménard se permet de traiter le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) de « faux-culs de première » (Le Point, 07.09.2011) pour s'indigner de la mise en demeure prononcée par les Neuf Sages contre l'antenne de Sud Radio, dont il anime la matinale (7h-9h) depuis août 2011. Même s'il n'était pas directement visé par la sanction du CSA qui concernait l'intitulé d'un débat ouvert par son collègue animateur, Eric Mazet, depuis mis à pied : «DSK est-il soutenu par les juifs ? »
... pour finir à Polémia !
Avec ce langage vulgaire, Robert Ménard tranche en tout cas avec les grands airs voltairiens, dont il souhaite se draper. Il contraste aussi avec l'éducation religieuse qu'il a littéralement embrassée au collège, au point d'envisager, un temps, une carrière de prêtre. C'était avant qu'il ne se lance dans la mouvance des radios libres en 1978, en créant Radio Pomarèdes et l’Association pour la Liberté des Ondes...
Avant le parcours que l'on sait. A l'heure où Robert Ménard s'apprête à discourir aux « 4e journées de la réinformation » organisées par Polémia, un groupe de réflexion qui vise à « affirmer sans complexe la supériorité de la civilisation européenne », notamment dans les médias, comme le révèle le blog Droite(s) Extrême(s), des journalistes Abel Mestre et Caroline Monnot (Le Monde), la question se pose plus que jamais, avec une certaine gravité : jusqu'où Robert Ménard ira-t-il ?
N.E
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