Les élections législatives pourraient réserver de mauvaises surprises (DR)

Algérie : tout est encore possible !

Branle-bas de combat dans les allées du pouvoir Algérien. L'approche des élections législatives qui pourraient réserver de mauvaises surprises, met le feu aux poudres. Première crainte: la montée en puissance des islamistes qui ne se sont pas alliés au pouvoir. Restés en embuscade avec des ramifications dans les milieux terroristes, ceux-ci comptent bien tirer profit de la vague verte qui vient de déferler sur la Tunisie, le Maroc et l'Egypte.

Autre appréhension: l'effondrement des partis supports du pouvoir (FLN et RND) minés par des divisions internes, usés, en perte de vitesse, discrédités auprès de l'opinion. Il faut en plus tenir compte de la régularité des élections qui viennent d'avoir lieu dans les pays voisins, assurer un minimum de transparence et veiller à maintenir la fraude dans des limites "raisonnables". Autant dire que la donne est désormais lourde de risques, elle se complique singulièrement. Mobilisation générale donc dans les officines du pouvoir pour se positionner en force sur l'échiquier, au pire limiter les dégâts.

Après avoir fait voter au pas de charge une loi sur les partis aux contours flous, les autorités s'emploient à présent à brouiller les pistes de l'électorat islamiste. Dans un souci évident de division, des "agréments" vont être délivrés à trois nouvelles formations dans ce camp. Le reste est affaire de manipulation pour favoriser la dispersion des voix et gagner de nouvelles allégeances.

L'opération peut-être payante, mais encore faut-il compenser l'affaiblissement certain du FLN et du RND et donner des "couleurs" démocratiques au parlement. Pour ce faire, l'inénarrable Parti des Travailleurs (PT, trotskiste) sera à n'en point douter encore de la partie, d'autant qu'il grogne contre les islamo-conservateurs tout en dédouanant le président Bouteflika. Mais cela reste insuffisant.

Dès lors les dirigeants tendent désormais la perche à un vieux cheval de retour: le Front des Forces Socialistes (FFS). Après s'être longtemps endormi à l'écart des processus électoraux, figé dans une opposition plutôt confuse, ce dernier semble décidé à jouer un rôle, estimant sans doute que les bouleversements dans les pays arabes ouvrent de nouvelles opportunités.

La très probable entrée en scène du FFS permettra au pouvoir de parachever sa longue opération de marginalisation de ce qui reste de l'opposition démocratique et laïque. Privée de canaux d'expression, durement réprimée au moindre frémissement, noyautée, affaiblie par des luttes intestines, devenue inaudible et démobilisée par la force des choses, celle-ci peine à proposer une alternative à un régime totalitaire.

Le pouvoir est donc aux manœuvres pour amortir les répliques des révolutions arabes dans ce qui s'apparente à un bazar électoral, tant sont nombreuses les tractations et autres magouilles

Si bonne surprise il y a dans une perspective de progrès démocratique et social, elle pourrait toutefois provenir de la société civile, notamment de la multiplication organisée de candidatures indépendantes se référant à un socle commun de valeurs progressistes. Un projet certes ambitieux, mais qui n'en demeure pas moins un beau coup à jouer devant une opinion en attente de retournements dans la lancée du "printemps arabe".

Un réseau d'indépendants progressistes convenablement construit pourrait ainsi entrer comme par effraction à l'Assemblée, gêner les formations classiques aux entournures, provoquer un appel d'air dans l'institution parlementaire, éviter qu'elle n'étouffe encore pour cinq ans sous la chape de plomb de conservateurs flanqués d'islamistes. Un appel d'air pour résister à l'obscurantisme et aux pressions réactionnaires. Tout est encore possible!