L’affaire DSK rebondit en France sur fond de rumeurs et de spéculations

Dominique Strauss-Khan, qui savoure désormais la levée de son assignation à résidence et pourrait bien bénéficier d’un non-lieu le 18 juillet prochain, provoque un débat dans sa famille politique et des commentaires sur l’attitude du Groupe Accor propriétaire du Sofitel.

L’établissement aurait-il oui ou non informé les autorités françaises de la plainte de la femme de ménage avant qu’elle ne soit officiellement déposée, sachant qu’il s’est écoulé au moins une heure entre l’agression supposée et l’entrée en contact avec la police ? Cette question suscite désormais des commentaires autour de l’implication éventuelle du groupe qui nie toute intervention et menace de porter plainte.

Intervenant dimanche sur les ondes de France Info, le député socialiste François Loncle a évoqué  «les éventuelles complicités françaises», dans l’affaire DSK parlant de «connexions entre le groupe Accor (propriétaire du Sofitel) et certaines officines».

Selon lui «tout n'est pas clair dans le comportement des dirigeants du Sofitel et du groupe Accor». Sans apporter plus de précision sur ses accusations, il a ajouté «je pense que quelque chose s'est passé entre Paris et New York».

"Ce type a beaucoup d'argent"

La presse américaine continue à distiller la thèse d’un lien de la plaignante Nafissatou Diallo avec des milieux criminels, voire un réseau de prostitution, qui entame sérieusement sa crédibilité.

Fait déterminant, l’entretien téléphonique enregistré de Nafissatou Diallo avec un ami à elle soupçonné d'être un dealer et détenu en Arizona. «Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent. Je sais ce que je fais», aurait dit Mme Diallo, selon le New York Times, qui cite une source policière.

De son côté, l'avocat de la femme de chambre, Kenneth Thompson, aurait admis que le procureur avait mis en place les «fondements d'un non-lieu», tout en maintenant les accusations de sa cliente. «Elle n’a pas changé un seul mot» de sa version des faits, a-t-il martelé vendredi suite à l’audience.

Ces révélations font que des personnalités envisagent de plus en plus l’hypothèse d’un non-lieu dès le 18 juillet, date de la prochaine audience pour DSK.

Au parti socialiste (PS) la question fait désormais débat d’un éventuel report de l’échéance pour le dépôt des candidatures aux primaires devant désigner le candidat à la présidence de la République, prévue pour le 13 juillet.

François Hollande, ex-premier secrétaire du PS et candidat à la primaire, a dit n’avoir «aucune réserve par rapport à l’idée de reporter la date de clôtures des candidatures», parlant de «fin juillet, voire même fin août», afin de permettre à DSK «d’avoir toute liberté pour prendre une décision», au sujet de son retour sur la scène politique.

Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes et candidate, a confié samedi 1 juillet à la presse qu’un report du dépôt des candidatures ne la dérangeait pas. Seulement, «tant que Dominique Strauss-Kahn lui-même ne demande pas une modification du calendrier, toute décision intempestive, toute annonce qui irait dans ce sens est prématurée», a-t-elle précisé.

Le député PS Pierre Moscovici, proche de DSK qui a choisi récemment de rallier François Hollande, estime de son côté dans le Journal du Dimanche que «personne ne peut dire ce que sera son rapport à la politique au sortir de cette épreuve. Une fois libre, il sera s'il le veut un acteur important dans la campagne, dont la voix sera écoutée».

Le député PS Arnaud Montebourg, également candidat aux primaires, est en revanche complètement opposé à l’idée d’une modification du calendrier. «Les socialistes (…) doivent continuer à tracer leur route vers la victoire de la gauche en 2012, pour bâtir ensemble la Nouvelle France. Ils ont le devoir de réussir les primaires citoyennes dont les modalités et le calendrier n'ont, en l'état, aucune raison de changer», a-t-il commenté.

Dans l’opinion, selon un sondage Harris Interactive publié dimanche 3 juillet dans le quotidien Le Parisien, 49 % des Français seraient favorables à un retour de Dominique Strauss-Kahn sur la scène politique, contre 45 % qui ne le souhaitent pas. La proportion est largement supérieure parmi les partisans de gauche avec 60% de personnes interrogées favorables, contre 33% qui seraient opposées à cette perspective.

Selon le même sondage, 43 % des Français souhaiteraient que le PS modifie le calendrier de sa primaire, contre 49 % qui ne le souhaitent pas.

Dominique Strauss-khan qui bénéficie de l’entière liberté de ses mouvements sur le territoire des Etats-Unis depuis vendredi 31 juillet doit à nouveau se présenter devant le tribunal le 18 juillet prochain. Pour l’heure, la Justice américaine maintien les chefs d’inculpation pour crime sexuel dont il fait l’objet depuis le 15 mai.