Libye: les populations civiles prisent en étau

Même si les rebelles seraient, dit-on, aux portes de Tripoli, Kadhafi n’a rien perdu de son arrogance habituelle et veut toujours donner l’impression qu’il est confiant dans la détermination des libyens à repousser ce qu’il dénonce comme une agression de la part des forces occidentales contre son peuple.

La récente livraison par la France d’armes aux rebelles dans la région de Djebel Nefoussa donne à Kadhafi une nouvelle occasion d'haranguer la foule de ses fidèles et de renouveler ses menaces.

«Marchez sur le Djebel et saisissez les armes qui ont été larguées par les Français. Si ensuite vous voulez pardonner (aux rebelles), c'est votre affaire», a-t-il lancé dans une allocution relayée par haut-parleurs à l'adresse de milliers de ses partisans présents sur la Place Verte à Tripoli.

«Retirez-vous, vous n'avez aucune chance de battre ce peuple courageux. Si nous le décidons, nous pouvons fondre sur l'Europe comme une nuée de criquets et d'abeilles. Nous vous conseillons de battre en retraite sous peine de catastrophe», a-t-il ajouté en direction des forces de l’OTAN.

Kadhafi a évidement dénoncé le mandat d'arrêt lancé contre lui, l'un de ses fils, Saïf Al-Islam, et son gendre par la Cour Pénale internationale (CPI).

Les pays membres de l'Union africaine (UA) se sont par ailleurs déterminés au sujet de ce mandat d’arrêt, annonçant qu’ils ne l'exécuteront pas, rapporte l’agence Reuters. Selon cette même agence, Kadhafi pourrait d’ailleurs trouver refuge dans l’un des 53 pays de l’UA.

Les spéculations vont par ailleurs bon train sur les tractations diplomatiques en cours. Le journal Asharq Al Awsat, basé à Londres, croit savoir que Kadhafi serait disposé à lâcher le pouvoir en échange de l’assurance de n’être plus poursuivi et de vivre en sécurité dans sa ville natale de Syrte avec sa famille.

Reste qu'au plan militaire, bien que disposant d’armes livrées par la France, les rebelles n’arrivent toujours pas à avancer vers Tripoli. Ils seraient même régulièrement repoussés par l’armée libyenne restée fidèle au « guide ».

Plus d’une centaine de jours après le début des frappes, l’OTAN se montre finalement incapable de trouver une issue positive à l’application de la résolution 1973 de l’ONU autorisant le recours à la force pour protéger les civils.

Le récent largage d’armes par l'aviation française constitue un sérieux accroc à ce texte qui intensifie la guerre sur le territoire libyen, plutôt que de tracer le chemin vers une issue diplomatique. Plus que jamais, l’expédition militaire s’enlise et les populations civiles sont prises en étau.