Syrie : chronique annoncée d’un probable tournant
Par N.TPublié le
Les tanks de Bachar Al-assad rentreront-ils dans Hama pour rééditer l’opération de répression ordonnée par son père, Hafez El-Assad, en 1982 contre le mouvement d’insurrection armée de fondamentalistes musulmans (entre 20 et 30.000 morts)?
La tentation est sûrement grande de mener, à partir de ce nouveau vendredi de la colère (8 juillet), une opération d’envergure, avec l'objectif de lui donner un caractère dissuasif sur tous les foyers de tension qui explosent au quotidien à travers le territoire syrien.
Bachar Al-assad pourrait bien être tenté de voir là l’occasion de mettre un point final au mouvement insurrectionnel au prix de quelques centaines de morts, d’écraser le souffle de la contestation en s’empressant d’appeler une nouvelle fois au « dialogue national », de faire miroiter un ordre nouveau et continuer ainsi à se maintenir au pouvoir avec la bénédiction des alliés russes et chinois.
Le fait est que les conditions ne sont plus les mêmes qu’en 1982. Dans Hama menacée par les tanks, ce sont aujourd'hui principalement de jeunes civils à mains nues qui se préparent à affronter l’assaut des soldats.
Hama n’est pas le siège d’un soulèvement isolé sur des bases religieuses. Elle est traversée par le même vent de révolte qui souffle partout ailleurs en Syrie face à un régime dictatorial et aux difficultés de vie dans un pays rongé par la corruption entretenue à l’ombre du parti Baas et de la police politique.
Entrée massivement dans la contestation le 3 juin, Hama compte ses morts par dizaine. Le cœur de la ville bat désormais au rythme de la célèbre place Tahrir au Caire. L’élan de solidarité avec ses manifestations en hommage aux "martyrs", a gagné Deir ez-Zor, Lattaquié, Homs, Idlib, Baniyas… Et ce vendredi 8 juillet d’une nouvelle explosion de la colère, la ville pourrait bien donner le ton à un probable tournant dans la tragédie syrienne.