France: voyages touristiques à l’ombre de dictatures… le grand déballage
Par yazPublié le
Et de deux ! Après l'escapade de la ministre des Affaires étrangères, Michelle-Alliot Marie, et en attendant les révélations du Canard Enchaîné, édition du 9 février, c'est au tour de François Fillon, premier ministre, de reconnaître à travers un long communiqué qu'il a séjourné en Égypte durant les vacances de Noël, dans des conditions pour le moins particulières.
Rendu sur les rives du Nil à bord d'un avion de la République en payant sa place et celle de sa famille, le premier ministre a savouré les douceurs d'un séjour offert par le tout puissant Hosni Moubarak, excursion en avion privé comprise. Ce qui n'est pas sans rappeler la double escapade de la ministre des Affaires étrangères dans la Tunisie de Ben Ali.
L'affaire mobilise d'ores et déjà les rédactions et donne à nouveau du grain à moudre à l'opposition. Bien sûr, François Fillon s'est empressé de dégainer tous les arguments en sa possession, en jouant la carte de la transparence.
En sa qualité de premier ministre, il lui était difficile de refuser l'hospitalité, et celle des arabes est légendaire martèle-t-on dans son camp. De plus, il n'a pas manqué de mettre à profit son voyage pour s'entretenir avec le Rais et rendre hommage aux coptes, alors frappés par un attentat sanglant.
Le fait est seulement que François Fillon est tout simplement premier ministre et qu'à ce titre, il ne manquait sans doute pas de renseignements sur le feu qui couvait au cœur de la société égyptienne. Il n'ignorait pas non plus la nature du pouvoir, ni tout ce qui en fait un régime exécrable.
Nul ne conteste la nécessité de relations d'État à État, qui passent d'ailleurs en toute logique par les représentations diplomatiques et les visites officielles. Mais de là à aller se la couler douce aux frais d'un dictateur sous prétexte qu'il fait preuve d'hospitalité, il y a une distance que l'éthique et la décence interdisent de franchir quand on est à la tête de l'exécutif de la République.
Tout autant que sa ministre des Affaires étrangères face à aux évènements Tunisiens, François Fillon a sûrement été pris de court par l'explosion de la révolte en Égypte qu'il ne voyait à l'évidence pas venir sous cette ampleur. Tous les deux n'en sont pas moins pris en flagrant délit de complaisance honteuse, en s'offrant des voyages touristiques à l'ombre de dictatures.