Eva Joly : haro sur l’étrangère !
Par N.TPublié le
Aussitôt investie candidate à la présidentielle des Ecolos elle jette un pavé dans la marre, ouvre un débat inattendu à droite comme à gauche. Dans le premier camp, elle réveille des démons, dans le second elle surprend, met dans l’embarras.
Remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un «défilé citoyen» ! Diable, quelle idée a donc eu Eva Joly, qui se permet même d’en parler publiquement un jour de deuil, après la mort de six soldats en Afghanistan.
A gauche, les candidats à la primaire ont exprimé leur désaccord mais non sans gêne. Les ténors du PS se sont empressés de fuir le débat avec des expressions du style «très mauvaise idée» pour Ségolène Royal, «pas très sérieux», pour Manuel Valls ou encore «ça ne correspond pas à l’idée que je me fais… » pour François Hollande.
A droite en revanche, on a sorti l’artillerie lourde et réveillé les vieux démons identitaires et xénophobes. Le ton a été donné par le premier ministre en personne. «Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne de la tradition française, de l'histoire française et des valeurs françaises», a grogné François Fillon vendredi, en déplacement à Abidjan.
«Eva Joly demande la fin des défilés militaires, il serait temps qu'elle rentre en Norvège», a renchéri dans la foulée le député UMP Lionel Tardy.
La proposition de la candidate d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui gêne le PS et déclenche les foudres de la droite nous parle en fait d’une autre France que celle dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée, sclérosée dans son passé de puissance guerrière, conquérante, coloniale.
Elle nous parle de la France républicaine et citoyenne qui s’enrichit de sa diversité, de celle qu’a merveilleusement chantée Jean Ferrat. «Cet air de liberté au-delà des frontières, aux peuples étrangers qui donnait le vertige et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige, elle répond toujours du nom de Robespierre».
Paradoxalement, la proposition d’Eva Joly respire la jeunesse. Prise de cours, la gauche ne sait plus par quel bout la prendre. La déclaration de Fillon a toutefois obligé le premier secrétaire du PS par intérim à se déterminer, la jugeant «indigne d’un premier ministre». Visiblement paniquée, la droite crie en effet haro sur l’étrangère Eva Joly !