France : Nouvelles révélations sur le séjour de la ministre des Affaires étrangères en Tunisie

La polémique autour d'un voyage de Michèle Alliot-Marie, ministre française des Affaires étrangères, en Tunisie durant les vacances de Noël est à nouveau relancée suite à des révélations publiées par le quotidien français « Le Canard Enchaîné » dans son édition de mercredi.

Selon « Le Canard enchaîné », les parents de la ministre, présents durant ces vacances, auraient fait affaire avec l'un de ses amis tunisiens, Aziz Miled, présenté comme un proche du beau- frère du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

Le même journal ainsi que le site Médiapart affirment que la ministre aurait eu par ailleurs une communication téléphonique avec le président Ben Ali durant son séjour.

Ces informations font suite à celles publiées par « Le Canard Enchaîné » il y a une quinzaine de jours, annonçant que la ministre avait emprunté à deux reprises le jet privé de M. Miled durant ses vacances. Mme Alliot-Marie avait alors réagi, démentant que son ami soit un proche du clan Ben Ali et affirmant qu'il était plutôt « une victime » de la belle-famille de l'ancien président.

Tandis que de nombreuses voix s'élevaient dans l'opposition pour demander sa démission, la ministre recevait publiquement le soutien de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat a rappelé que «pas un centime d'argent public n'a été détourné», lors de l'émission « face aux Français », jeudi 10 février sur TF1.

«Sans doute, si nous en avions parlé Michèle Alliot-Marie et moi, nous aurions convenu que ce n'était pas la meilleure idée que d'aller en Tunisie, même si c'est plus facile à dire après qu'avant», avait-t-il ajouté.

Les nouvelles révélations du « Canard Enchaîné » provoquent des réactions, à droite comme à gauche.

La ministre «a tout le soutien de l'équipe gouvernementale», a assuré mercredi François Baroin, porte-parole du gouvernement français, après le Conseil des ministres.

«Je n'ai aucune information sur cette dernière accusation, c' est à Michèle Alliot-Marie  d'apporter des éléments d'explication», a déclaré de son côté mercredi Alain Juppé, ministre de la Défense.

«Je ne sais rien de cette affaire, c'est ses parents, c'est une affaire privée», a commenté pour sa part Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP (Union pour un Mouvement Populaire, majorité présidentielle).

L'opposition demande une nouvelle fois la démission de la ministre. «S'ils avaient le sens de l'Etat et de l'intérêt de la France, ils démissionneraient», a déclaré mercredi Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés socialistes, à propos de la ministre.

Face aux questions des députés de gauche, Michèle Alliot-Marie a rejeté mercredi les appels à la démission. «Vous aurez beau répéter des mensonges, ça n'en fera pas des vérités», a-t-elle répondu.  Elle a qualifié«d'abjectes» les propos concernant ses parents.

Le journal « Le Figaro » estime enfin pour sa part que l' information faisant état «d'un bref entretien téléphonique» avec l'ex-président tunisien embarrasse Michèle Alliot-Marie.

Dans un entretien accordé au journal « Le Parisien » début février, la ministre affirmait n'avoir eu «aucun contact privilégié» avec le président Ben Ali avant sa fuite.