Ouverture des négociations au Proche-Orient : un tournant laborieux
Par N.TPublié le
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a annoncé vendredi 19 juillet, à l'issue de son sixième voyage au Proche-Orient, un accord de principe pour l’ouverture de négociations entre Palestiniens et Israéliens, gelés depuis près de trois ans. Un petit pas encore entouré d’incertitudes.
Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a cédé sur les exigences préalables avancées jusque-là comme bases de discussion : le retrait en deçà des lignes de frontières avant l’occupation de 1967, le gel de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est et la libération de prisonniers.
Une prise de position qui a réjouit sans surprise le camp israélien à qui revient désormais l’initiative d’engager véritablement des pourparlers. Selon la radio publique israélienne, une première rencontre, prévue à Washington selon M. Kerry, se tiendrait en « début de semaine prochaine ».
Mahmoud Abbas a toutefois annoncé que tout accord avec Israël serait soumis à un référendum en raison notamment des réticences au sein du Fatah.
Benjamin Netanyahu a lui aussi proclamé qu'un tel scrutin serait organisé en cas d'accord, non sans susciter une controverse. La ministre de la Justice Tzipi Livni, en charge des négociations avec les Palestiniens, a estimé lundi que « tout décision aussi importante soit-elle peut être prise par le gouvernement et le Parlement ».
« Les élections générales constituent le seul et vrai referendum », a affirmé Mme Livni, qui est à la tête de HaTnuha, un petit parti centriste (6 députés sur 120), rapporte l’AFP.
En revanche, le ministre de l'Economie Naftali Bennett, qui dirige le Foyer juif, un parti nationalite (12) hostile à un accord prévoyant la création d'un Etat palestinien, a estimé que « seul le peuple peut trancher une question qui divise la nation », selon la même source.
Naftali Bennet cité lundi par les médias a menacé de ne pas voter le budget si un projet de loi sur la tenue d'un reférendum n'est pas adopté par le Parlement.
Selon un responsable israélien cité par l’AFP, l'Etat hébreu serait prêt à libérer « quelque 80 prisonniers palestiniens condamnés à de longues peines, en vue d'une possible reprise des négociations de paix ».
« Les libérations de prisonniers commenceront lorsque les négociations seront lancées, nous parlons de libérations par vagues », a-t-il précisé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat, ajoutant que les détenus concernés avaient tous été incarcérés avant les accords d'Oslo en 1993.
Selon les médias israéliens, le Premier ministre Benjamin Netanyahu présentera cette proposition à son gouvernement "dans les prochains jours" avant la rencontre entre le négociateur palestinien Saëb Erakat et ses homologues israéliens, la ministre de la Justice Tzipi Livni et l'émissaire personnel de M. Netanyahu Yitzhak Molcho.
Selon le groupe de défense des droits de l'Homme B'Tselem, 4.713 Palestiniens sont détenus en Israël, dont 169 en détention administrative, une procédure qui permet de les garder emprisonnés sans inculpation pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment.