Le sort de 12 millions de personnes menacées par la faim accroché au bon vouloir des donnateurs

Des déclarations de bonnes intentions et des promesses en quantité voilà ce à quoi ont droit jusque-là les 12 millions de personnes menacées par la faim et qui se meurent à un rythme cauchemardesque. Les enfants Somaliens, pays le plus touché, qui se tordent de faim attendent que la communauté internationale cesse de tergiverser pour passer à l'action d'urgence.

La réunion convoquée lundi 25 juillet à Rome, au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), n'a pas débouché sur des décisions à la  hauteur de l'ampleur de la crise. Rien de concret, alors que les ONG ne cessent d'alerter sur l'horreur vécue par les populations.

"Cette réunion est un coup d'épée dans l'eau, c'est très décevant", a commenté Guillaume Grosso, directeur pour la France de l'ONG One.

"Il manque une volonté politique", a dénoncé de son côté la directrice de l'ONG britannique Oxfam, Barbara Stocking.

"Notre réunion devait faire le point sur l'état d'avancement des donations, sur les besoins, et préparer la conférence des donateurs de Nairobi dans deux jours", s'est justifié le ministre français de l'agriculture, Bruno Le Maire, dont le pays assure la présidence du G20.

Tout autant que les autres orateurs, ce dernier a pourtant reconnu l'urgence de la situation. "Il faut une aide internationale urgente et massive. "Notre réunion ici est une question de vie ou de mort pour des dizaines de milliers de personnes", a-t-il dit

Revenu la veille d'une visite des camps de réfugiés au Kenya, le ministre français a décrit "un spectacle insupportable pour n'importe quelle conscience humaine". Josette Sheeran, la responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) qui l'accompagnait a parlé de ces "femmes qui doivent abandonner sur le chemin de l'exil l'enfant le plus faible pour sauver le plus fort".

"La population de Somalie est désespérée. Je lance un appel afin que vous puissiez aider la Somalie à ouvrir des couloirs humanitaires pour le transport de l'aide alimentaire", a déclaré de son côté déclaré le vice-premier ministre somalien Mohammed Ibrahim.

La sécheresse et la guerre civile dans ce pays ont jeté sur les routes des milliers de personnes. Dans les deux provinces du Sud contrôlées par les insurgés islamistes chabab, 400 tonnes de vivres ont pu être distribuées dimanche par le Comité international de la Croix-Rouge, rapporte les agences de presse.

Selon Mme Sheeran, qui a annoncé l'ouverture d'un pont aérien dès mardi vers Mogadiscio, la capitale somalienne, seuls 40 % des enfants réfugiés pourraient survivre.

Le sort des 12 millions de personnes victimes de la plus grande sécheresse depuis soixante ans dans la Corne de l'Afrique dépend désormais des résultats de la conférence des pays donateurs qui a lieu aujourd'hui à Nairobi, capitale du Kenya.

Selon les chiffres communiqués mercredi soir par l'Office de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, il faudrait encore réunir 1,14 milliard de dollars (837 millions d'euros) pour couvrir les besoins du Kenya, de la Somalie, de l'Ethiopie et de Djibouti. Ceux-ci sont évalués à 1,9 milliard de dollars pour 2011, dont 300 millions de dollars pour les deux mois à venir.

L'Union européenne a fixé le montant de son aide à 100 millions d'euros, la France a annoncé le doublement de la sienne, à 10 millions d'euros. Mais l'Espagne (25 millions d'euros), la Norvège (50 millions d'euros) et le Royaume-Uni (59 millions d'euros) font nettement mieux. La Banque mondiale a pour sa part annoncé l'octroi de 500 millions de dollars.

La famine qui décime ainsi des milliers de personnes au quotidien, dont de nombreux enfants, appelle d'autres solutions que cette mobilisation habituelle de donateurs très incertaine. Les moyens scientifiques, technologiques et financiers existent qui devraient être plus sérieusement mis à profit pour protéger les populations de ce fléau. Mais encore faut-il avoir la volonté politique d'agir dans ce sens.

Triste tableau de ce bas monde où une partie de l'humanité meurt en silence de faim tandis que l'autre se gave et se vautre dans l'opulence. Honteux et révoltant!