Palestine: ces enfants blessés à vie par des balles en caoutchouc
Par N.TPublié le
Des ONG dénoncent l'usage de balles en caoutchouc tirées par les forces d'occupation israéliennes qui font de nombreux blessés à vie, dont des enfants.
Ahmed Abou al-Homs, 13 ans, a le crâne couvert de points de suture. Il gardera à vie les séquelles de blessures par les balles en caoutchouc tirées par des policiers israéliens à El Qods occupée, a révélé mercredi 29 juin, Amnesty International .
Comme lui, de nombreux adolescents Palestiniens portent les traces irréversibles d'un nouveau type de projectiles utilisés depuis environ deux ans notamment lors de la répression de manifestations pacifiques palestiniennes à El Qods-Est occupée par Israël, souligne l'ONG.
Elle rappelle que le 6 janvier dernier, Ahmed Abou al-Homs rend visite à sa sœur lorsqu'il se retrouve pris dans des affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens. Il est atteint par une balle en pleine tête.
Il ne peut plus lire ni écrire...
Lorsqu'il se réveille de 45 jours de coma, un bout de son crâne a disparu et, avec lui, une partie de ses capacités.
"Avant, Ahmed était un garçon intelligent, vif et dynamique", se rappelle son oncle Mehdi cité par l'AFP. "Aujourd'hui, il peut seulement marcher, et pas très longtemps. Il a du mal à s'exprimer et à se souvenir des choses".
Quant à lire et écrire, il n'en est plus capable. Trop faible pour sortir jouer avec ses amis, il passe le plus clair de son temps assis dans sa maison d'Essaouiya, un des quartiers d'El Qods-Est.
Les forces d'occupation israéliennes ont fait usage dans la partie orientale d'El Qods, à des balles de modèle 4557, selon Nesrine Aliane, avocate auprès de l'Association pour les droits civiques en Israël (ACRI) citée par les médias. Elles ont en fait usage lors de l'agression militaire israélienne dans la bande de Ghaza, ajoute-t-elle.
Plus lourd que le précédent modèle utilisé, ce projectile ressemble à un champignon rond et noir d'environ six centimètres de haut et trois de diamètre, formé d'un cœur en plastique dur.
« La balle avait été tirée de très près et dans la tête… »
Selon la même source, plus d'une trentaine de Palestiniens ont été blessés par des balles 4557 et 14 d'entre eux ont perdu un œil.
En septembre 2014, Mohammed Sonoqrot, 16 ans, a succombé aux blessures infligées le 31 août par une de ces balles, pourtant supposées être non-létales. "Il est mort parce que la balle avait été tirée de très près et dans la tête", souligne Nesrine Aliane.
Les organisations de défense des droits de l'Homme mettent en cause les conditions dans lesquelles sont utilisées ces balles, pourtant censées limiter les dégâts humains.
Tirées à au moins 10 mètres dans les jambes, elles provoquent une douleur violente et dissuasive, mais sans laisser a priori de traumatisme irréparable.
"Leur usage est extrêmement encadré", souligne Sari Bashi, de l'ONG Human Rights Watch. "Il est interdit d'en tirer sur des personnes âgées, des femmes enceintes ou des enfants".
Des tirs aveugles…
Mais, dans les faits, "elles sont utilisées de manière irresponsable", assure-t-elle. A El Qods-Est, "nous constatons que la police en fait un usage excessif". De plus, "elle ne prend pas les précautions nécessaires pour protéger les enfants".
Nafez al-Damiri, 55 ans, a reçu en plein visage une balle de caoutchouc alors qu'il s'était abrité dans une épicerie lors de heurts dans le camp de réfugiés de Chouafat en juillet 2015.
Sourd et muet, ce couturier ne pouvait compter avant sa blessure que sur ses yeux, raconte sa femme Ghada citée par les médias. Aujourd'hui, il a un oeil de verre, n'ose plus sortir de chez lui et ne travaille plus. Son épouse a dû renoncer à son travail pour pouvoir s'occuper de lui.
Le 26 juin en cours, l'entrée par la force d'un groupe de colons israéliens dans la Mosquée al-Aqsa, à El-Qods occupée, a été le détonateur d'affrontements avec les fidèles autour de la mosquée, selon le Waqf, qui a affirmé que la police d'occupation, qui s'est déployée en masse sur l'esplanade, a "attisé la situation en tirant des grenades assourdissantes, des balles en caoutchouc et en frappant les fidèles violemment".
Le Croissant-Rouge palestinien a, pour sa part, indiqué avoir évacué sept blessés vers l'hôpital Makassed de la ville où ils ont été soignés pour des blessures par balles en caoutchouc, des coups reçus et certains pour intoxications au gaz lacrymogène.
Des dizaines de Palestiniens ont été blessés par ces munitions supposées non létales. Un adolescent a même trouvé la mort en 2014.