Algérie: Timide recentrage républicain, selon Le Figaro
Ahmed Ouyahia, nouveau premier ministre algérien en remplacement de Abdelaziz Belkhadem, pourrait déjà représenter l'Algérie au sommet de l'Union pour la Méditerranée, le 13 juillet à l'Élysée, selon Le Figaro international.
Le journal qui consacre un long article au retour d'Amed Ouyahia estime que "dans le casting des prétendants" ce dernier "est bien placé" pour succéder à Bouteflika, "même s'il est loin de faire l'unanimité dans le sérail".
"Réputé «éradicateur» et proche des militaires, cet énarque aux compétences reconnues est un anti-islamiste décomplexé. Discret directeur de cabinet du président Liamine Zéroual en juillet 1995, il avait fait une entrée remarquée sur la scène publique en annonçant la fin du dialogue avec les dirigeants du FIS qui refusaient de condamner le terrorisme et d'appeler à une trêve. En janvier 1996, il devint premier ministre, un poste qu'il conserva jusqu'en décembre 1998. Il fut rappelé en 2003 par le président Bouteflika qui le remerciera peu élégamment en 2006" écrit l'auteur de l'article.
Ce dernier revient également sur la période Belkhadem:
"Depuis l'arrivée de M. Belkhadem à la tête du gouvernement en 2006, les signes d'une islamisation rampante ont soulevé interrogations et inquiétude. Alors que plusieurs villes sont secouées par des émeutes récurrentes, ce chef de file des «barbéfélènes » (le courant islamiste du vieux parti unique) s'est lancé dans une guerre idéologique d'un autre âge : fermeture de débits de boissons alcoolisées, condamnation de «mécréants» pour rupture illicite de jeûne durant le ramadan, chasse aux couples illégitimes, refus des restaurants de servir des femmes seules…"
"Depuis janvier 2008, c'est la justice qui persécute les chrétiens en multipliant les procès pour «pratique de culte non musulman sans autorisation». Le cas de Habiba Kouider, la jeune convertie de Tiaret arrêtée en possession de bibles et pour laquelle le procureur a requis, le 20 mai, trois ans de prison ferme, a ému l'opinion. Cerise sur le gâteau, Belkhadem a décrété «le Coran seule Constitution de la société algérienne». Sa nomination à la tête du gouvernement il y a deux ans était un gage donné aux islamistes radicaux. À la veille de la présidentielle d'avril 2004, il avait déjà réussi à attirer dans le giron du candidat Bouteflika tous les dirigeants historiques du FIS, excepté le tonitruant Ali Belhadj, qui refusait la réconciliation des seigneurs de la guerre au détriment de leurs victimes"
"En contrepartie de cette allégeance, Madani Mezrag, l'ex-émir de l'Armée islamique du salut, a annoncé il y a quelques jours le retour, en septembre prochain, du parti intégriste sous une autre dénomination. S'appuyant sur cette alliance, Abdelaziz Belkhadem avait orchestré une campagne pour la révision de la Constitution, en vue d'offrir un troisième mandat au président Bouteflika. Signe d'un rapport de forces défavorable au sommet de l'État, la frénésie est retombée depuis quelques semaines ; le retour d'Ahmed Ouyahia sur le devant de la scène confirme un timide recentrage «républicain», d'autant plus salutaire que le terrorisme a repris du poil de la bête, menaçant même les investissements étrangers"