Inauguration de Qantara, la première bibliothèque numérique des civilisations de la Méditerranée
« Le 25 novembre a été inaugurée à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris l’exposition "Qantara" consacrée au patrimoine commun en Méditerranée. De la calligraphie à l’art de vivre en passant par le commerce et les rites funéraires, le projet a pour vœu de valoriser les entrecroisements et les influences qui ont régi les deux rives de l’Antiquité tardive à la chute de l’Empire ottoman. »
« A l’IMA, initiateur et pilote du projet, sont exposés sept objets d’art itinérants appartenant aux collections de musées de certains pays méditerranéens ; une tête humaine en stuc du XIe siècle et un dinar fatimide du Xe siècle provenant tous deux de Tunisie, une tapisserie d’Egypte, en laine sur lin, du VIe siècle, un cadran solaire du Xe siècle d’Espagne, ainsi qu’une écritoire et un aspersoir du Maroc.
Autour de ces sept objets sont projetées des vidéos, l’une d’elles met en scène les différents bâtiments ayant été présents sur l’emplacement actuel de la Grande Mosquée de Damas et permet ainsi d’apprécier la succession de plusieurs civilisations en un même lieu. »
« L’exposition Qantara sera accueillie par sept villes méditerranéennes riches d’histoire. Mourad Rammah, intervenant scientifique dans l’équipe tunisienne, conservateur de la Médina de Kairouan, explique que la ville de Kairouan, où se tiendra l’exposition dès le 2 décembre, est "un grand centre spirituel. Elle est le symbole de l’islamisation de la Tunisie mais aussi d’ouverture; on y trouve une crypte et des stèles qui attestent l’existence d’une communauté chrétienne au Xe siècle".
Pour l’avenir, le projet voudra, selon Yannis Koïkas, élargir les liens "vers l’Iran, l’Afrique noire, l’Europe du Nord, la péninsule arabique". L’une des grandes autres ambitions du projet est de traiter du patrimoine immatériel en s’étendant à "la danse, la musique et l’érotisme en Méditerranée". En un mot, il s’agirait de s’intéresser à la circulation du désir : l’odeur d’un jasmin, l’ombre bleue d’une maison, "cette chose, qui fait que, que l’on soit au Maroc, en Espagne ou en Syrie, on est en Méditerranée et pas ailleurs". »
« Cette exposition multimédia a été le prétexte au lancement et à la présentation du site internet Qantara , base de données qui référence plus de mille objets, monuments et architectures avec des notices scientifiques élaborées par des centaines de spécialistes.
Les modules audiovisuels et les animations ludiques, souligne Yannis Koïkas, coordinateur du projet au sein de l’IMA, sont destinées à "traduire ce qui pourrait sembler rébarbatif en un langage accessible à tous, pour inviter les gens à venir chercher une information plus profonde, les conduire vers un savoir de qualité". »
« Le projet « Qantara - Patrimoine Méditerranéen : Traversées d'Orient et d'Occident » vise à la constitution d'une banque de données transversales qui intègrent l'ensemble des supports multimédia (images fixes, vidéos, textes) pour une large valorisation du patrimoine euro-méditerranéen, alimentée par les partenaires euro-arabes du consortium piloté par l'Institut du Monde Arabe (IMA). »
« Le principe de transversalité identitaire est le fondement du projet ; l'identité de chacun des pays de la Méditerranée est en effet nourrie de celle des autres.»
« Il s'agit à partir de l'inventaire d'éléments emblématiques pré-sélectionnés du patrimoine culturel et artistique méditerranéen — situé historiquement de l'avènement de l'islam à la renaissance européenne, et géographiquement entre Damas et Grenade — d'identifier l'identité irréductible et partagée d'une part et les identités propres d'autre part afin d'en appréhender et en comprendre les permanences et les spécificités. »
« Inscrit dans le programme culturel Euromed Heritage initié par l’Union européenne, le projet Qantara associe sept pays partenaires, la France, l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Jordanie, le Liban, l’Espagne auxquels s’ajoutent la Syrie et l’Egypte, deux pays invités c'est-à-dire entièrement pris en charge par l’IMA. Et si certains pays n’ont pas paru intéressés par ce projet (la Libye, Israël et les Territoires palestiniens), les organisateurs de Qantara ont toutefois répertorié leur patrimoine sur le site. »
Exposition virtuelle
« Ce projet, subventionné durant 3 ans par la Commission Européenne, rassemble 7 partenaires euro-méditerranéens. L'objectif est de réaliser une base de données (photos, vidéos, textes) sur le patrimoine arabo-musulman, à la période médiévale — consultable sur Internet — et de proposer une vision transversale de l'héritage culturel légué par la Méditerranée.
Les itinéraires virtuels réalisés permettront une lecture non linéaire de l'univers des formes et témoigneront de la pérennité des formes architecturales, monumentales, artistiques et esthétiques dans cet espace. »
« Le Comité scientifique sera chargé de valider, sous la direction de l'IMA, un choix significatif et emblématique de ce patrimoine (environ 1000 entrées : sites, monuments, objets,...) ainsi qu'une approche transversale de cet héritage au-delà des dynasties, des époques ou des lieux géographiques. »