France: la privatisation de La Poste est maintenue
Confusion ce dimanche suite au propos du conseiller élyséen Henri Guaino concernant la privatisation de la Poste. Ce dernier a semblé geler la décision dimanche matin sur Europe 1 : "Il n'a jamais été question de privatiser La Poste. Il n'est pas question, dans la situation où nous nous trouvons, d'ouvrir le capital de La Poste".
Le gel du projet préparé par la direction semblait aller de soi depuis la tempête sur les marchés financiers mais c'est la première fois qu'une personnalité proche du pouvoir politique l'officialise.
Mais le conseiller de Nicolas Sarkozy s’est ravisé deux heures après sur France Info, conscient de s’être peut-être un peu trop avancé. «Rien n'est changé. Le projet (d'ouverture du capital de La Poste) est à l'étude".
Il a donc réclamé "une parole définitive, et venant de Nicolas Sarkozy, abandonnant purement et simplement le projet de privatisation de la Poste".
La direction de La Poste affirme que le changement de statut, suivi de l'ouverture d'une minorité du capital au privé, est la seule solution pour trouver au moins trois milliards d'euros afin d'affronter l'ouverture totale du marché postal à la concurrence, en 2011, décidée au niveau européen.
Le Parti communiste français s'était pourtant aussitôt félicité dimanche des propos d'Henri Guaino sur Europe 1 et cette suspension annoncée du projet. "C'est une formidable victoire. La crise financière impose l'évidence: la libre concurrence, la loi du marché, le libéralisme ont fait leur temps", s'était réjoui le PCF dans un communiqué.
"Place à la solidarité, au partage et aux services publics. C'est ce que nos concitoyens -relayés par un large rassemblement politique et social- expriment dans tous les sondages", ajoutait le communiqué, appelant à poursuivre la mobilisation pour "moderniser le service public de La Poste: ouverture de bureaux de poste de proximité, réponses personnalisées aux attentes des usagers, démocratisation des structures".
Les syndicats CGT, CFTC, FO, CFDT et Sud ont organisé une journée de grève et de manifestations le 23 septembre contre l'ouverture du capital et appelé à une nouvelle journée de mobilisation le 22 novembre.
La fédération CGT de La Poste déposera mardi en début d'après-midi à l'Elysée 300.000 signatures contre l'ouverture du capital de l'entreprise, alors que les syndicats appellent à une nouvelle journée d'action le 22 novembre.
Dans un communiqué diffusé vendredi, le syndicat précise que "cette initiative se tient dans le cadre du processus d'action contre la privatisation de La Poste et pour la modernisation et la rénovation du service public postal dans laquelle la CGT, notre fédération et ses syndicats sont engagés partout en France".
Dans le quotidien La Marseillaise, le syndicaliste CGT Jean-Luc Botella annonçait la couleur en septembre sur les conséquences d’une privatisation de La Poste : « Dans les 3 ans, on passera de 17000 à 3500 bureaux de poste », « quant aux communes qui voudraient maintenir une agence postale, elles devraient la financer avec leur propre budget, c'est-à-dire avec l’argent du contribuable », «dans une ville comme Marseille, le risque existe de se retrouver avec un seul bureau par arrondissement», « partout où la poste a été privatisée en Europe, le courrier n’est distribué que 5 jours sur 7 », «suppression de 80000 emplois en 3 ans ». (Voir Médiaterranée 26-09-2008).