Nicolas Sarkozy ouvre une brèche : taxer le capital pour financer la solidarité
Petite révolution en France dans les modalités de financement des dispositifs sociaux: Nicolas Sarkozy annonce, aujourd’hui jeudi 28 août, le prélèvement de 1% sur les revenus du capital pour financer le revenu de solidarité active (RSA). Cette nouvelle formule vise à inciter les bénéficiaires de minima sociaux à reprendre un travail. Avec le RSA, ils ont la garantie de cumuler allocation sociale et salaire, à hauteur de 62%, et ce, sans limite dans le temps. A titre d’exemple : une personne qui perçoit 450 euros d’allocation et qui se fait embaucher à mi-temps pour un salaire de 500 euros, continuera à percevoir 260 euros en plus de sa rémunération, augmentant donc ses revenus à 760 euros. Réservé aux plus de 25 ans, le RAS est une bouffée d’oxygène pour environ 4 millions d’individus accrochés aux minima et qui peinent à joindre les deux bouts.
Père du RSA, Martin Hirsch, Haut-commissaire aux Solidarités actives, nomination surprise de Nicolas Sarkozy dans le cadre de « l’ouverture à gauche », a gagné son pari, pour l’instant du moins.
Seront ainsi taxés, les revenus de patrimoine (fonciers, notamment) et de placement (dividendes, assurance vie et autres). La mesure fait frémir les économistes libéraux et les milieux d’affaires. D’aucuns prévoient même le scénario apocalyptique du départ en masse des riches et des couches supérieures des classes moyennes. Le patronat crie au scandale de la prolifération des taxes.
Tout ce beau monde affirme cependant, la main sur le cœur, qu’il faut bien sûr aider les pauvres. Mais de préférence en évitant de toucher aux revenus des nantis.
A gauche, le parti socialiste (PS) salue la taxation du capital pour financer la solidarité. Le Parti communiste se montre en revanche fort critique: "la nature même du RSA encourage le maintien des très bas salaires au plus grand profit du patronat. Pire, il accroît la pression à la baisse sur l'ensemble des salaires", estime-t-il.
Selon le parti de Marie-George Buffet, "ce dispositif n'apporte aucune solution à l'explosion de la précarité du travail, et donc aucune perspective pour l'insertion des personnes les plus fragiles, pour les besoins de formations et d'emplois stables et correctement rémunérés".
En fait, tout prête à penser que la marge de manœuvre fut plutôt faible, qui a vite conduit à ce mode de financement du RSA. Trop insuffisantes, les ressources budgétaires ne permettaient pas d’y faire face. Reporter son application aurait été trop en contradiction avec les promesses d’amélioration du pouvoir d’achat.
La solution du prélèvement de 1% permet finalement au chef de l’Etat français de s’en tirer à bon compte. Il donne un coup de pouce aux citoyens à très faibles ressources sans pour autant ruiner ceux qui ont le privilège de « mettre de côté » ou de disposer de biens. Le paquet d’avantages fiscaux accordés aux couches aisées au lendemain de son élection lui permet par ailleurs de neutraliser la grogne de sa famille politique qui déjà se fait entendre.
D’un bout à l’autre, de sa conception à son financement, le RSA permet aussi de couper l’herbe sous les pieds à la gauche, exercice favoris de Nicolas Sarkozy.
Reste que la brèche est désormais ouverte de la taxation du capital pour financer la solidarité. Le mieux qui peut sans doute arriver en France, pays au modèle social exemplaire mais à présent fort menacé.