Récession ! Le mot est lâché en France. L’Etat mobilise l’épargne pour le crédit aux PME
On est désormais loin, très loin, des propos rassurants de la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la France est sous le choc de la crise internationale. Le mot « récession » est enfin lâché. Le gouvernement s’attèle à la mise en place d’un plan de protection et de relance, tandis que l’opposition appelle au débat, pointant aussi du doigt les avantages fiscaux accordés aux nantis dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Sur le front syndical, les organisations ne baissent pas les bras, la journée de mobilisation interprofessionnelle de mardi 7 octobre pourrait bien faire date.
C’est donc bien la récession qui caractérise l’économie française depuis le printemps. Après un recul de 0,3 % au deuxième trimestre, la croissance faiblira encore de 0,1 % aux troisième et quatrième trimestres, selon les chiffres publiés vendredi par l'institut de conjoncture. Le taux de chômage atteindrait 7,4 % fin 2008. La dernière récession française date de fin 1992-début 1993.
Les conséquences prévisibles ne sont que très connues : ralentissement des commandes, chutes des exportations, qui ne sont déjà pas très fortes dans le tissu des PME, révision à la baisse des programmes d’investissement et suppressions d’emplois.
La machine économique grippée pourrait avoir détruit plus de 52.000 postes à la fin du second semestre, alors qu’elle en avait crée 89. 000 au premier. Les créations d'emploi dans l'ensemble de l'économie seraient ainsi réduites à 37 000 en 2008, plus de dix fois moins qu'en 2007. Baisse du pouvoir d’achat et recul de la consommation des ménages sont les conséquences directes et inévitables en bout de chaîne.
Face à ces secousses, le gouvernement français tente de limiter les dégâts. Premier souci : éviter que les banques ne ferment le robinet du crédit aux entreprises. L’Elysée a arrêté trois mesures pour venir à leur secours. Il injecte 20 milliards d’euros puisés dans les livrets de développement durable (ex-Codevi) et les livrets d'épargne populaire.
Afin de rendre plus fluide le dispositif de crédit, le gouvernement a même modifié les règles habituelles de fonctionnement des circuits. Les banques pourront ainsi conserver l'intégralité des fonds collectés avec les livrets de développement durable et 30 % de ceux provenant de livret d'épargne populaire. «Cela représente 17 milliards d'euros de dépôts supplémentaires remis dans les bilans des banques pour qu'elles financent les entreprises», explique l'Élysée.
Elles ne pourront cependant en bénéficier que si elles s’engagent à continuer à accorder des prêts. Jusqu'à présent, les banques n'avaient le droit de conserver que 91 % des ressources collectées dans les livrets de développement durable et seulement 15 % de celles provenant des livrets d'épargne populaire. Le reste était centralisé à la Caisse des dépôts.
Par ailleurs, la capacité de prêt de la banque publique de financement des PME (Oseo) va être augmentée de 50%, atteignant 6 milliards, contre 4 milliards aujourd’hui. Le fond de garantie dont dispose Oseo sera rehaussé de 40 millions, permettant de garantir 1 milliard d’euros de prêts supplémentaires aux entreprises en 2008 et 2009.
Le gourvernement français semble vouloir aller vite afin d'éviter un enlisement de l'économie. De l'avis de certains économistes, trop de temps a été perdu car les indices d'un tel effondrement financier avec ses conséquences économiques étaient perceptibles depuis déjà quelque temps.