Allemagne-France : Sarkozy et Merkel affichent des ambitions communes (synthèse)

Le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, se sont exprimés jeudi au cours d'une conférence de presse commune à l'issue du 12ème conseil des ministres franco-allemand à Paris.

Les deux dirigeants ont affiché leur ambition commune à travailler à la constitution d'une "Europe politiquement forte" et à impulser "une nouvelle gouvernance mondiale, une transition du capitalisme".

Selon Nicolas Sarkozy, depuis le début de la crise "il n'y a pas une initiative que la France ait prise sans en parler à l'Allemagne".

Au chapitre économique, A. Merkel et N. Sarkozy ont souligné leur engagement à collaborer pour stimuler la croissance et équilibrer leurs budgets. Ils se promettent de conduire des réformes structurelles et de faire des propositions sur la stratégie économique de l'Europe à l'horizon 2020 et sur le "gouvernement économique des 27" lors du sommet informel du 11 février prochain.

Les deux chefs d'Etats n'ont fait aucun commentaire sur les difficultés financières d'autres Etats membres de la zone euro, à l'image de la Grèce. Et selon un communiqué commun, l'équilibre budgétaire devrait être à la portée des Etats de la zone euro au milieu de la décennie en cours.

Au chapitre des initiatives communes, les deux pays ont dévoilé un catalogue de 80 mesures destinées à renforcer la coopération jusqu'en 2020.

"Nous avons choisi avec Mme Merkel des mesures concrètes, le temps des grands traités et des grandes déclarations doit un peu s'effacer pour faire du concret", a déclaré Nicolas Sarkozy.

"Nous avons la volonté de mettre la France et l'Allemagne au service de l'Europe et d'une nouvelle régulation dans le monde", a-t-il ajouté.

Parmi les initiatives retenues figurent "l'office franco-allemand des énergies renouvelables, le projet pilote de véhicule électrique entre Strasbourg et Stuttgart, le lancement d'un satellite franco-allemand de détection des émissions de gaz à effet de serre, le travail sur le futur lanceur spatial européen, l'accord sur le régime matrimonial commun, la coopération policière".

S'agissant du projet d'avion de transport militaire d'Airbus A400M, les deux parties ont exprimé leur volonté commune de parvenir "à une solution".

"Les négociations doivent se poursuivre", a déclaré la chancelière allemande. "Il s'agit d'un projet d'une importance stratégique. Tout doit être fait pour parvenir à une solution.", a déclaré Mme Merkel.  "C'est un projet décisif, a renchéri Nicolas Sarkozy, et on trouvera une solution très rapidement".

Le projet de production de l'A400M est en retard de trois ans sur le calendrier original, en raison des difficultés financières du constructeur européen EADS.

Les représentants des pays partenaires de l'A400M (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Turquie) négociaient une nouvelle fois à Berlin jeudi pour tenter de s'accorder sur un financement du surcoût du développement de cet avion, mais sans parvenir à des résultats selon certaines sources.

Le plus gros client pour cet avion est l'Allemagne qui a en commandé 60 exemplaires. Les sept pays ont commandé au total 180 appareils pour un montant de 20 milliards d'euros à l'avionneur européen Airbus, filière d'EADS.                        

Depuis 2003, les Conseils des ministres franco-allemands se réunissent au printemps et à l'automne dans les deux pays en alternance pour fixer des projets concrèts et des objectifs à moyenne terme.