Comme Airbus, les entreprises françaises continuent à délocaliser en Tunisie
Airbus va installer une usine en Tunisie dans le cadre de son plan d'économies, qui vise à produire en zone dollar ou à faible coût de main d'oeuvre, et prévoit des implantations en Inde ou en Chine, a indiqué mardi le président exécutif d'EADS Louis Gallois, cité par le site internet du Monde.
Airbus "va reprendre le projet de Latécoère d'implantation en Tunisie pour fabriquer des pièces classiques", déclare le responsable de la maison mère d'Airbus. Latécoère devait créer 1000 emplois et devait effectuer un transfert d’activités de son site de Meaulte en Picardie, sans suppression d’emplois en France et développer une troisième unité pour fabriquer des pointes avant d’Airbus.
Cette mesure fait partie du plan d'économies nommé Power8+, qui devra prendre le relais du plan Power8 après 2010 pour contrer la faiblesse persistante du dollar. Il doit être présenté mardi lors d'un comité de groupe européen d'Airbus à Toulouse.
Le projet tunisien était à l'origine développé par l'équipementier français Latécoère, qui avait négocié avec Airbus pour la reprise de deux de ses sites français de Méaulte et Saint-Nazaire-Ville. Les discussions avaient ensuite échoué. Au-delà du projet tunisien, Airbus devra "renforcer (sa) présence en Inde, en raison du nombre et de la qualité des ingénieurs", poursuit M. Gallois.
Il cite également la Chine, le Mexique et le Maghreb en général, qui "intéresse" EADS "pour les productions classiques en raison des coûts". Toutefois, le plan Power8+ "n'a pas de volet emploi", précise M. Gallois. "La croissance du marché est telle que nous pouvons le faire sans remettre en cause nos implantations actuelles que nous continuons de moderniser", dit-il.
Airbus compte "investir en France dans les productions les plus sophistiquées, notamment les composites", ajoute M. Gallois, qui veut faire "de même en Allemagne et en Espagne".
De nombreuses entreprises françaises d’automobile ou d’aéronautique comme Valéo, Faurecia, Zodiac, Sagem continuent à s’implanter en Tunisie
La Tunisie, dont la croissance économique était de 6 % en 2007 propose des coûts de main d’oeuvre alléchants, une main d’oeuvre qualifiée - toutefois, en quantité encore insuffisante - et une Administration suffisamment huilée pour faciliter l’implantion. C’est pourquoi, à l’instar du Maroc, elle reçoit depuis plusieurs années des entreprises actives dans l’automobile et l’aéronautique.
Certes, dans le total des IDE (investissements directs étrangers), lesquels ont atteint le niveau record de 2,6 milliards d’euros en 2006, la France, avec une part de 9 %, est dépassée par les Emirats Arabes Unis (26,3 %, grâce à l’acquisition partielle de Tunisie Telecom) et le Royaume-Uni (11,7 %, leader dans le secteur énergétique).
Mais en terme d’emplois créés, elle arrive largement en tête, fait-on valoir à la Mission économique à Tunis, avec un chiffre de 100 000 emplois et un nombre de sociétés implantées de 1 200. La moitié concernerait le textile, mais l’industrie mécanique, électrique et électronique, tout comme l’automobile et l’aéronautique, joue aussi un rôle important.
L’industrie tunisienne est une industrie européenne délocalisée, tournée vers le commerce extérieur.
Des incitations aux entreprises sont mises en place par l’Etat. La loi de Finances 2008 reporte de 3 ans la taxation de 10% des bénéfices issus de l’exportation.
Libéralisation des économies, disparition des frontières, délocalisations, tout est lié. C’est un mouvement de fonds.
La Tunisie a été le premier pays de la rive sud de la Méditerranée à signer en 1995 un accord d’association avec l’Union européenne (UE) pour les produits industriels. Elle a même devancé de deux ans le démantèlement complet des barrières. Depuis le 1er janvier, elle constitue ainsi une zone de libre échange avec l’UE.