Etats généraux de la presse française : les débats sont ouverts
Le ministère de la Culture a annoncé, jeudi 16 octobre, que les deux premières réunions autour des états généraux de la presse avaient eu lieu mercredi et jeudi. Quatre pôles ont été dégagés afin d'organiser les débats : presse numérique, relations entre la presse et la société, métiers du journalisme et processus industriel de la presse. Ces deux derniers secteurs ont lancé les premières discussions. Objectif : définir leur méthode de travail et leur calendrier. Les deux autres pôles devraient également se réunir cette semaine.
Selon un communiqué du ministère, chacun des domaines doit présenter en principe d'ici la fin de l'année "cinq ou six recommandations opérationnelles", aussi concrètes que possible, pour permettre à la presse de sortir de la crise économique, de confiance et de lectorat qu'elle connait depuis des années. Les débats doivent prendre "un caractère très opérationnel et très pratique", malgré un calendrier particulièrement serré.
Une perte de 700 à 800 millions d'euros à l'horizon 2015
Le Forum des sociétés de journalistes a annoncé de son côté avoir "décidé de ne pas participer" à ces travaux, estimant son niveau de représentation insuffisant. Ce forum, qui regroupe des sociétés d'une trentaine de rédactions, dénonce "l'opacité qui entoure la préparation de ces soi-disant états généraux".
Du côté du ministère de la Culture, on fait valoir que "le caractère professionnel l'emporte sur le statut" dans le choix des participants, dont les noms devaient être divulgués vendredi 17 octobre. La CGT des journalistes dénonce quant à elle un "simulacre de négociations".
A défaut d'un premier bilan, qui pourrait s'avérer "un peu prématuré" à cette date, le XVIème congrès de la presse, organisé par la Fédération nationale de la presse française (FNPF) du 19 au 21 novembre à Lyon, devrait être l'occasion d'une ou plusieurs réunions publiques thématiques de ces états généraux.
La ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, devrait y être présente pour de faire le point sur le développement des travaux. Le quotidien gratuit 20 Minutes, qui n'est pas convié à ce congrès, propose que " toutes les parties prenantes des états généraux de la presse" puissent également assister à ces discussions.
Une première audition lundi, consacrée aux problèmes industriels de la presse, sera retransmise sur la chaîne de la TNT, Public Sénat. Les états généraux proposent au grand public de contribuer aux travaux en envoyant des messages sur le site internet www.etatsgenerauxdelapresseecrite.fr
La presse écrite payante française devrait globalement passer dans le rouge dès 2010-2011 et pourrait accuser une perte de 700 à 800 millions d'euros à l'horizon 2015, selon une étude du cabinet de conseil en stratégie OC&C Strategy Consultants.
"Depuis des années, la presse écrite s'est contentée d'un modèle économique peu performant, aujourd'hui elle dispose d'une faible marge de manoeuvre pour prendre les options stratégiques qui s'imposent afin de préparer les années à venir", préviennent les auteurs de l'étude.
De 2000 à 2007, le secteur de la presse écrite payante en France (presse quotidienne d'informations générales, presse payante d'annonces, presse magazine grand public) a vu son chiffre d'affaires global stagner autour de 8 milliards d'euros (-0,4%). La diffusion a diminué de 2% par an, une érosion compensée par une "augmentation régulière" du prix de vente au numéro (+2,3% entre 2002 et 2007).
Les revenus publicitaires du secteur ont progressé moins vite que le reste du marché et ont commencé à décliner avec l'arrivée d'internet.
En outre, les spécificités du système français en matière d'impression et de diffusion pèsent sur la rentabilité du secteur en entraînant un "surcoût de l'ordre de 300 millions d'euros", selon les auteurs de l'étude. Selon les auteurs, 20 à 25% des investissements publicitaires français pourraient se faire sur internet à l'horizon 2015.
La migration des petites annonces vers le web devrait notamment entraîner une chute des revenus de la presse quotidienne régionale, dont le chiffre d'affaires passerait de 2,74 milliards d'euros en 2007 à 2,47 milliards d'euros en 2015.
Globalement, "l'évolution des revenus publicitaires devrait faire plonger le secteur dans le rouge dès 2010-2011 avec en perspective de l'ordre de 700 à 800 millions d'euros de pertes en 2015", prévoit l'étude.
Source : Synthèse de dépêches