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France: Nicolas Sarkozy échappe à un camouflet historique

Nicolas Sarkozy s’est évidemment empressé d’exprimer sa « joie », malgré la seule voix d'avance pour l’adoption de la réforme des institutions. « C'est un peu comme le bac, on passe un meilleur été si on l'a eu", avait-il confié la veille aux députés de son parti (UMP)

« C'est le camp du mouvement, du changement et de la modernité qui l'a emporté sur le camp de l'immobilisme, de la rigidité et du sectarisme », a-t-il déclaré après avoir pris connaissance des résultats.
Malgré cette adoption de justesse, Nicolas Sarkozy a raison de se réjouir. Un rejet aurait en effet constitué pour lui un camouflet historique.

De plus, le boulet aurait sans doute été dur à traîner à la tête de l’Europe qu’il prétend remettre au plus vite en marche. Le chef de l’Etat français s’était en outre considérablement démené pour convaincre les récalcitrants dans sa famille politique.
Une offensive fermement dénoncée par François Bayrou président du Mouvement pour la Démocratie (MoDem, centre), qui n’hésita pas à évoquer un « chantage ».

Surtout, ce dernier estime qu’il n’y a pas de raison de pavoiser. « Une seule voix de majorité, après tant de marchandages, de menaces, de promesses et de battage, cela prouve en réalité que les parlementaires n'étaient pas convaincus, même lorsqu'ils étaient du bord du gouvernement, par cette réforme", a-t-il fait remarquer. Selon lui, "tout le monde voit bien qu'une réforme des institutions ne devrait pas se faire ainsi, tirée par les cheveux et camp contre camp".

Pour sa part, le Parti Communiste Français (PCF) a longuement commenté l’événement. « Si nous avions estimé qu'il s'agissait d'un pas, même mineur, vers un rééquilibrage des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif, nous aurions pu avoir un regard différent », affirme le parti de Marie-George Buffet dans un communiqué. "Mais, l'année écoulée, le comportement du Président et de son gouvernement, démontrent à l'évidence que l'hyperprésidentialisation vient de franchir une nouvelle étape", ajoute-t-on.

Le PCF pointe quelques aspects qui révèlent selon lui le décalage entre le contenu de cette réforme et les attentes des Français. Ceux-ci « retiendront que le président de la République aura une tribune supplémentaire. En revanche, ils ne manqueront pas de remarquer l'absence, malgré les promesses présidentielles, d'inscription dans la Constitution du droit de vote des résidents étrangers (…) C'est bien d'une toute autre Constitution dont la France a besoin, pour rapprocher les citoyens de leurs institutions", estime le PCF.

Aux yeux du premier secrétaire du Parti Socialiste (PS), François Hollande, « le perdant, c'est Nicolas Sarkozy qui avait imaginé une réforme avec une large majorité et qui se trouve aujourd'hui avec une réforme adoptée à une voix en plus du résultat requis », a-t-il affirmé.

Le numéro un du PS n’a évidemment pas manqué d’évoquer le cas Jack Lang, ancien ministre et député socialiste qui a ouvertement déclaré son adhésion au projet de loi. « Il  avait dit depuis longtemps qu'il allait voter pour la réforme. Il avait siégé au comité Balladur. Il est le seul de sa famille politique à avoir voté la réforme. Il aura une responsabilité et nous avons à la faire valoir", a-t-il encore déclaré François Hollande.

Quant au concerné, il persiste et signe. « La réforme des institutions votée ce soir par le Congrès de Versailles renforcera les droits du Parlement, des citoyens, et de l'opposition. Dire le contraire serait une négation de la vérité », a-t-il rétorqué.
« En même temps, je demeure plus que jamais un opposant déterminé à la politique de régression sociale du gouvernement . De toutes mes forces, je continuerai à me battre, sur tous les fronts, pour faire obstacle au projet dangereux et néfaste de cette majorité,», a-t-il tenu à ajouter.

Notons enfin la réaction de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), laquelle considère que hors «l'ouverture aux citoyens de la saisine du Conseil constitutionnel, on cherchera en vain dans cette énième retouche de la Constitution de la Vème République le souffle réformateur annoncé et si nécessaire ».

Et d’énumérer ce qui aurait pu justement apporter ce « souffle » nouveau. « Ni la suppression de la scandaleuse exception française que représente le cumul des mandats, ni l'octroi aux étrangers non communautaires du droit de vote aux élections locales qu'attend depuis des années une majorité de Français, ni la fin de l'anomalie unique au monde démocratique que représente le régime électoral du Sénat, ni un équilibrage sérieux des dérives présidentialistes ne sont au rendez-vous ».

Les Français, dont il est précisément beaucoup question dans toutes réactions, ont montré très peu d’intérêt à cette agitation autour des réformes institutionnelles.

"La préoccupation principale des Français est leur pouvoir d'achat, ils ne feront pas de lien entre ce souci de vie quotidienne et la réforme", commente un professeur à sciences Po, spécialiste de l'opinion publique cité par l'AFP.

 

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