France : Ségolène Royal en tête, incertitudes sur les issues du Congrès de Reims
Nouvelle crise au Parti socialiste, surpris par la première place de l’ancienne candidate à l’Elysée. L’on ne s’y attendait pas, croyant que le soufflet Royal était retombé après la présidentielle, mais c’est un véritable camouflet pour la direction du Parti socialiste sortante qui soutenait Delanoë. La motion de Ségolène Royal est arrivée en tête jeudi soir à l’issue du vote des militants, montrant un véritable écartèlement entre le Parti et sa base militante.
L'ambition de Ségolène Royal de former une nouvelle majorité pour gouverner le PS s'annoncera très difficile à réaliser après le vote des militants pour le congrès de Reims, risquant de se heurter au refus de ses concurrents d'une alliance avec le centre.
Auteur d'un score inattendu de 19%, le jeune eurodéputé Benoît Hamon, chef de la gauche du parti et candidat déclaré au poste de premier secrétaire, s'est déclaré vendredi "plus légitime que jamais" pour s'installer dans le fauteuil laissé vacant par François Hollande.
Certes, Ségolène Royal est en tête de quatre points. Mais avec 29%, elle n'atteint pas le tiers des votants (quelque 130.000, une participation de 55%). Elle est loin de l'objectif, qu'elle s'assignait encore en mars, d'être "majoritaire" au PS, deux ans après sa désignation à plus de 60% comme candidate à la présidentielle 2007.
Bertrand Delanoë et Martine Aubry pèsent chacun un quart du parti.
François Hollande, pour qui le résultat sonne comme un désaveu, a appelé les quatre principales motions à "chercher ensemble les voies d'un rassemblement".Mais il s'est bien gardé de dire, comme le 23 septembre, qu'il soutiendrait la motion arrivée en tête, jugeant que le score son ex-compagne "ne lui permet pas d'être majoritaire".
Ségolène Royal entend pourtant prendre la conduite des opérations et "mettre en mouvement la cohésion et l'unité des socialistes". "Il va falloir que le vote soit respecté", a lancé la présidente du Poitou-Charentes sur France Inter. Elle a indiqué qu'elle téléphonerait dès vendredi à ses rivaux, pour entamer des discussions "avec tout le monde, sans exclusive".
Si son résultat lui donne "une légitimité", elle ne fait pas pour l'instant "acte de candidature" pour diriger le PS. Ce n'est pas "un préalable", a-t-elle souligné. Le premier secrétaire sera élu par les militants le 20 novembre, après le congrès.
Vendredi après-midi, Martine Aubry n'était pas encore sortie de son silence, analysant les résultats avec ses soutiens (Nord-Pas-de-Calais, fabiusiens, strauss-kahniens). Ses partisans avaient, dans la nuit, indiqué qu'ils ne renonçaient pas à constituer un rassemblement majoritaire "sur une ligne de changement et d'ancrage à gauche".
Dès sa défaite connue, M. Delanoë, qui n'a pas réagi de vive voix, a souligné dans un communiqué qu'il n'était pas question de rejoindre un bloc qui, comme Mme Royal, s'accommoderait d'une alliance avec un parti "qui ne s'assumerait pas clairement de gauche", sous-entendu le MoDem de François Bayrou.
Ce refus, partagé par Mme Aubry, pourrait cimenter un front face à Mme Royal, autour de Benoît Hamon. "Nous ne voulons pas de contrat de gouvernement avec le MoDem", a renchéri M. Hamon sur i-Télé, maintenant sa candidature pour "réancrer le Parti socialiste à gauche".
S'affirmant "plus légitime que jamais" car ses idées "ont pollénisé le débat" interne, l'eurodéputé a déclaré à l'AFP qu'il allait "prendre des initiatives" et appeler Ségolène Royal, Martine Aubry et Bertrand Delanoë.