Tunisie : le Festival de Carthage espère renouer avec son public

Des artistes originaires du Maghreb, du monde arabe et d'Europe viennent en Tunisie participer au 44ème Festival International de Carthage, prévu du vendredi 11 juillet à mi-août.

{sidebar id=1}{sidebar id=2}{sidebar id=3} L'édition de cette année s'ouvrira par un grand spectacle pour les jeunes intitulé "Rassemblement et joie en Tunisie", au cours duquel plus de mille artistes présenteront des scènes de la vie quotidienne en Tunisie, comme le marché, le café, le bus, la plage et d'autres encore, dans un mélange de théâtre et de chant.

Selon le directeur du festival Samir Belhaj Yahia, ce spectacle de 90 minutes "proposera un mélange de scènes de la vie, en mélangeant le sérieux et l'absurde."

Les différents tableaux s'inscriront dans un rêve, poursuit Yahia, joué par des acteurs, des musiciens et des danseurs, dans un cadre de fin d'été et de mois du Ramadan. Ce spectacle tentera également de saisir le patriotisme et le dialogue avec la jeunesse.

Interrogé sur l'accent mis par ce spectacle d'ouverture sur la jeunesse, M. Yahia répond : "La jeunesse est la pierre angulaire de la société tunisienne... Il est essentiel de mettre ses problèmes et questions en lumière."

Le directeur de théâtre Slim Sanhaji explique cette philosophie dans le détail.

"Ce que ce spectacle souligne est encore plus important", a-t-il déclaré à Magharebia. "Toutes les questions que se posent les jeunes seront présentées de manière joyeuse. Cela ne veut absolument pas dire que ces questions sont prises à la légère ; il s'agit uniquement d'une approche artistique."

Conformément à la désignation de 2008 comme l'année du "Dialogue avec la Jeunesse", le gouvernement a procédé à des enquêtes dans l'ensemble du pays pour mieux comprendre les problèmes de l'emploi, de l'éducation et des sports que les jeunes Tunisiens rencontrent tous les jours.

Les organisateurs du festival espèrent regagner l'intérêt du public, après les critiques assez générales sur la sélection des artistes lors des précédentes éditions.

Dalel Ben Bechir, la quarantaine, se félicite du programme de cette année, affirmant : "J'irai peut-être à Carthage cet été pour le festival, parce qu'il propose de grands noms tels que Nour Mhenna et Saber Rebai. Mais à vrai dire, je ne suis pas encore sûre d'y aller. Ce festival a perdu son lustre il y a des années, lorsqu'il a été kidnappé par des chanteurs de restaurant, qui sont des nullités absolues."

Le public de Carthage se partage en deux catégories : ceux qui sortent pour entendre de la musique, quel qu'en soit le contenu, et les afficionados à tout crin des beaux arts.

Mokhtar Ben Mna se demande comment le festival, "qui avait au début déroulé le tapis rouge à de grandes divas a pu tomber si bas et laisser des chanteurs de restaurant à l'oriental y participer".

S'adressant à Magharebia, le critique Hacen Ben Hmed affirme : "Je pense que l'on peut qualifier le festival de cette année de 'tour de réconciliation', au cours duquel les organisateurs tenteront de reconquérir leur public et de présenter de vrais artistes."

M. Ben Hmed appelle les amoureux de la musique à réserver un budget spécial pour le festival, "parce que tous les spectacles sont tentants et attireront des publics de tous âges. Tout le monde trouvera ce qu'il cherche dans le programme de cette année, y compris les jeunes."

Le Ministère de la Culture a débloqué près de 1,5 million de dinars en soutien à cet événement, sachant que le prix des billets va de huit à vingt dinars.

Le Président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a déclaré le 15 juin lors d'une rencontre avec le Ministre de la Culture que la priorité du festival devait être donnée aux créateurs tunisiens de ce festival, tout en "restant ouvert aux autres arts et cultures".

Parmi les grands noms présents cette année se trouvent Saber Rebai, Nour Mhenna, Majda Erroumi et Sean Paul, parmi beaucoup d'autres.