Maroc: le secteur du textile dans une mauvaise passe
La concurrence et l'augmentation des prix des matières premières font peser une menace sur le succès qu'avait connu le secteur du textile au Maroc en 2007.
L’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMITH) tire la sonnette d’alarme : ce secteur, qui reste le premier employeur de main d’œuvre au Maroc, s’apprête à vivre une conjoncture difficile.
S'exprimant lors de l'assemblée générale de l'AMITH à Casablanca, mardi 8 juillet, le président de cette association, Mohamed Tamer, a déclaré que bien que le secteur du textile et de l'habillement emploie plus de 213 000 personnes et ait connu une forte croissance au premier trimestre de l'année, le secteur risque à l'avenir de connaître une forte baisse de sa production.
Les exportations de textiles et de vêtements ont enregistré une baisse de 2 pour cent fin mai, a-t-il ajouté.
Pour beaucoup d’observateurs, le secteur s’attend à une véritable crise en raison de la rude concurrence mondiale et de la hausse continue des matières premières, notamment la hausse des prix du baril du pétrole.
D’où l'urgence à trouver des solutions pour sauver un secteur qui reste à l’origine du tiers des exportations marocaines.
Jaâfar, un confectionneur de Casablanca, a expliqué à Magharebia qu’il est grand temps que l’Etat revoie sa politique fiscale prévue pour le secteur, pour lui permettre d'être plus compétitif sur les marchés mondiaux.
Il prend l'exemple de l'Egypte, où le soutien de l'Etat a permis d'enregistrer une croissance de 13% des exportations de textiles en 2007.
Abdelkader El Kouhil, propriétaire d'une usine de textile à Casablanca, pense que le problème tient à l'absence de formation de professionnels ces dernières années.
"Cela a eu un impact négatif sur la compétitivité des entreprises marocaines du textile et de l’habillement", explique-t-il.
Un enseignant dans une école de textile de Rabat explique le problème est un cercle vicieux. Les étudiants fuient les centres de formation, affirme-t-il, parce qu'ils considèrent que le secteur est en crise.
Les participants à l'assemblée générale de l'AMITH ont également profité de l'occasion pour dresser un premier bilan du plan d'action 2008, centré sur des projets tels que Nassij MED, Vision 2015, Fibre Citoyenne, Maroc in Mode, Programme S2C et Fashion and Design School.
Ces plans d'action visent à améliorer la compétitivité pour permettre au secteur du textile du Maroc de résister aux facteurs de risques économiques internationaux.
S'adressant aux participants, le directeur général de l'AMITH Mohamed Tazi a clairement affirmé que son association est consciente des nombreuses difficultés que rencontre le secteur.
Il a précisé que dans le cadre de la stratégie de mutation vers une industrie de la mode, de réelles opportunités demeurent à la portée du textile et de l’industrie de l’habillement marocain.
La proximité géographique des marchés européens reste aussi, d’après lui, un élément déterminant.
Le président de l'AMITH Tamer partage cet avis.
"Tant que le Maroc sera à 14 km du continent européen, le secteur continuera à se porter bien."