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Le Congrès Mondial Amazigh dénonce la politique de l'Etat marocain devant les eurodéputés

Le Congrès Mondial Amazigh s’adresse aux députés européens sachant que l’Union Européenne, liée par un « accord d’association » avec le Maroc, vient d’accorder « un statut avancé » au Royaume, ce qui est supposé garantir la protection des droits de l’Homme.

Mesdames et Messieurs les Eurodéputés,

Tel que vous le savez, l’Union Européenne, qui est liée, à l’Etat  marocain, par un «accord d’association», entré en vigueur depuis le  1er mars 2000, vient d’accorder « un statut avancé » à ce même Etat, par la signature de l’accord du 13 octobre 2008.

Ces accords d’association entre l’Union Européenne et le Royaume du Maroc ont pour objectifs essentiels, notamment, la promotion effective de la démocratie et le respect des droits de l’Homme, comme le stipule le passage ci-après : « Le respect des principes démocratiques et droits fondamentaux de l’Homme, tels qu’énoncés dans la déclaration  universelle des droits de l’Homme, inspire les politique internes et internationales de la communauté et du Maroc et constitue un élément essentiel du présent accord».

Or, au mois de septembre dernier, le Parti Démocrate Amazigh du Maroc vous a interpellé afin de suspendre les négociations de ce « statut avancé » tant que l’Etat marocain n’arrête pas de continuer à violer les droits humains en général et ceux des citoyens  d’origine amazigh (berbère) en particulier. La réponse de la Commission Européenne, à travers la lettre de Mr. Leonello  Cabrici,  le chef d’Unité du Maghreb de la Direction du Proche et Moyen Orient, Méditerranée du Sud de la Direction Générale des Relations Extérieures, en date du  23 septembre  2008 nous affirmait que : « (…) le renforcement du dialogue et de la coopération entre l’ Union Européenne et le Maroc sur les questions relatives aux droits de l’Homme et aux droits fondamentaux , tel qu’il est prévu dans le cadre du Statut avancé, ne peut qu’aller dans la direction d’une consolidation d’un Etat de droit et d’une protection accrue des droits humains et libertés fondamentales ».

Malheureusement, et bien au contraire, depuis la signature  ce « statut  avancé » le respect de ces droits de la part des agents d’autorité et des institutions gouvernementales de l’Etat marocain ne font  qu’empirer de jour en jour. De graves dérives et régressions des droits des citoyens amazighs résultent d’une politique discriminatoire affichée d’apartheid anti-amazigh, qui contredisent tous les discours  officiels.  A titre d’illustration:

- Jusqu’à présent, il n y a aucune volonté politique de réforme de l’actuelle constitution, réclamée pacifiquement par la  majorité des citoyens en boycottant massivement les dernières  élections législatives du 7 septembre 2007. Cette constitution est raciste pour nier catégoriquement l’existence de la réalité amazighe et les droits linguistiques et culturels des citoyens ;

- Le Ministère de l’Enseignement National s’obstine à bloquer la généralisation de l’enseignement de la langue et de la culture amazighes dans toutes les écoles et niveaux scolaires. Quant à l’alphabétisation des adultes, celle-ci se déroule en contradiction flagrante avec toutes les recommandations et conventions de l’UNESCO, qui préconise l’utilisation des langues maternelles dont la langue amazighe pour le cas d’espèce. Cette dernière est  exclue totalement de cet enseignement informel qui se fait exclusivement en langue arabe classique.

- Par rapport à l’intégration de l’amazigh dans le domaine de  l’audiovisuel, aucune avancée n’a été enregistrée. Les chaînes de télévisions publiques (TVM et 2M) de la SNRT ne respectent plus leur  engagement de produire et d’émettre des émissions en langue amazighe, alors quelles ont signées un cahier de charges depuis trois ans.

- Le lancement du projet de télévision amazighe, tant attendue par la grande majorité des populations amazighes du pays et des communautés amazighes résidentes dans la diaspora euro-américaine, prévu en 2007 par le ministère de la communication reste bloqué, même si dernièrement le ministère des finances lui a dédié un budget conséquent de 5 millions d’Euro pour une durée de quatre ans. Le contrat signé entre la SNRT, le Ministère de la Communication et celui
des finances est resté lettre morte.

- Les Prénoms amazigh, à propos desquelles le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies avait réclamé à l’Etat marocain de prendre des mesures appropriées déjà en mars 2003, sont toujours prohibés. Le dernier exemple en date est celui de la jeune « Simane », fille de la famille d’Oujdi  Abdeljawad, née le 27 janvier dernier, et que les autorités communales de Boufekrane ne veulent pas enregistrer. Le pire, c’est que l’Etat marocain exporte cette violation de droit élémentaire de choix de prénoms au sein même de vos propres pays démocratiques en imposant cette interdiction aux citoyens européens d’origine amazighe, à travers ses délégations consulaires !
- L’interdiction des activités culturelles continue de nos jours ; la dernière concerne la rencontre que voulaient organiser, conjointement, les associations Tamaynut et Amrec, à Casablanca le 8 février 2009, pour protester contre l’association des 12 siècles de la fondation de la ville de Fès, qui réduit l’histoire millénaire du Maroc à l’arrivée  de la minorité « arabe » en Afrique du Nord.

- Des étudiants amazighs de différentes universités (Meknès,  Errachidia, Agadir,…) sont condamnés à de lourdes peines, sans preuves  ni témoins crédibles et soumis à des tortures physiques et psychologiques.

- Les sit-in de soutien à l’organisation palestinienne « Hamas » sont permises et ceux de solidarité avec les amazighs eux-mêmes sont catégoriquement et sévèrement réprimés, que ce soit celle qui a été convoqué en solidarité avec les populations Ait Baaran de Sidi Ifni, celle devant la SNRT du 23 juin dernier ou celle devant le parlement en solidarité avec les détenus politiques du 14 février dernier.

- Par rapport à l’unique formation politique que dispose les amazighes, en l’occurrence le Parti Démocrate Amazigh Marocain (PDAM), la justice marocaine aux ordres n’a pas pris en considération les arguments d’une centaine d’avocats qui se sont offert pour la défense de sa légalisation. Celle-ci s’est obstinée à lui appliquer la nouvelle loi des partis de manière rétroactive et exclusivement contre le PDAM.

Une loi qui autorise la minorité « arabophone » de créer des partis à base raciale de l’«arabité » ou/et à base religieuse de l’« islamité » et qui exclut catégoriquement la majorité «amazighe » d’avoir des formations politiques basé sur « l’amazighité ». La justice marocaine a non seulement interdit le PDAM sinon aussi elle n’a pas du tout réagi au procès de tentative d’assassinat à l’encontre de son secrétaire général, l’avocat Ahmed Adghirni. Pire, les forces de l’ordre l’ont agressé violement dans un café de la capitale le 14 février 2009, au vu de tout le monde.

- Même la presse amazighe n’est pas épargnée. La directrice du journal Amina Ibnou-Cheikh et le journaliste Said Bajji du mensuel « Le Monde Amazigh » se sont fait sauvagement intimider et molester par des officiers des forces de l’ordre lors de la couverture d’un sit-indevant le parlement le 14 février précité.

En conséquence, le Congrès Mondial Amazigh vous sollicite afin d’interpeller l’Etat marocain et ses autorités sur ces graves violations. Le Congrès Mondial Amazigh vous demande de suspendre momentanément ce « statut avancé », tant que l’Etat marocain ne change d’attitude et respecte de manière effective les principes démocratiques et les droits fondamentaux de l’Homme, comme le stipule votre accord d’association de «statut avancé ».

Congrès Mondial Amazigh (C.M.A.),
46 Avenue Saint Ouen/ 75018 Paris/ France.
 Tél. : 00.212.614.155.155
Fax : 00.212.537.72.72.83 E-mail :  c.m.amazigh@gmail.com  Web : www.cmamazigh.com

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