Mali: Le nouvel album du chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly fait un tabac
A peine sorti sur le marché discographique malien, "African Revolution" du chanteur de reggae ivoirien Tiken Jah Fakoly est déjà un best-seller au Mali.
"C'est aujourd'hui l'album le plus vendu", affirment plusieurs revendeurs à Bamako.
Les critiques musicaux ne tarissent pas d'éloges pour ce 10e album de l'artiste ivoirien en exil à Bamako depuis sept ans.
"A mon avis, c'est l'album le plus accompli de toute la carrière de Tiken Jah Fakoly. Sur le plan mélodique et rythmique, cet opus est très riche et impeccablement construit", souligne Alphaly, chroniqueur dans plusieurs journaux maliens.
"L'engagement est plus affirmé. Et ce qui me plaît, c'est que les flèches de Tiken ne visent pas seulement les dirigeants politiques, mais aussi la société africaine, les citoyens, les parents, les jeunes. Les messages sont pertinents et dépouillés de la démagogie politicienne", analyse Boubacar Kéita, un jeune étudiant en anglais passionné de reggae.
En effet au moins huit des 14 titres de l'album contiennent des messages politiques destinés aux Africains et à leurs dirigeants. Dictature, démagogie, crises politiques conduisant à des guerres civiles, alternance, révolte populaire pour redresser la situation (..) sont entre autres les thèmes chantés par le reggaeman.
Aux politiciens, aux dirigeants politiques, Tiken Jah dit: "Je ne veux pas ton pouvoir, pas besoin de l'avoir. Je ne veux pas de ta gloire, je veux l'espoir ". Il pousse les Africains, notamment les jeunes, à la prise de conscience et il leur conseille de se " lever" parce que "personne ne viendra changer l'Afrique à notre place. Il faut se lever pour changer tout ça (..) L'hirondelle se fait vautour et le peuple devient sa proie (..) L'Afrique attend que ses enfants se réveillent pour que la situation ne soit plus pareille. Le pouvoir et le bonheur ne sont ni frères ni cousins (.. )".
Si les thèmes s'inscrivent dans la continuité pour l'artiste, ce nouvel album marque une totale rupture sur le plan de la mélodie, du rythme, avec l'introduction d'instruments africains comme le sokou (monocorde) le ngoni, les koras et balafon.
Après 15 brillantes années de carrière auréolée de plusieurs distinctions (une Victoire de la musique et plusieurs disques d'or) , on pouvait penser que l'enfant d'Odienné (nord de la Côte d' Ivoire) n'avait plus rien à prouver. Mais, avec "African Revolution", il vient d'apporter une nouvelle et solide pierre à l' édifice du reggae africain, estiment les spécialistes.
De nombreux critiques soulignent que Tiken Jah Fakoly travaille à "éveiller les consciences" des peuples. Ainsi, il a ouvertement milité pour l'annulation de la dette des pays africains en se rapprochant ainsi du mouvement altermondialiste. Tiken Jah s'est aussi impliqué dans les manifestations anti-G8 et il a participé à l'album "Drop The Debt" (2003) au profit de l'organisation altermondialiste ATTAC et African Consciences.
Et en 2009, l'idole de la "Génération consciente" d'Afrique a lancé une campagne intitulée "Un concert une école" afin de contribuer à la scolarisation des enfants et à la formation d'une nouvelle élite africaine. Il a déjà financé la construction d'une école dans le village de Touroni (situé à 30 km d'Odienné, dans sa région natale) et également un collège à Dianké (près de Niafunké, région de Tombouctou) au Mali.