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L'aide au développement : entre promesses et désillusions

La 63e Assemblée générale de l'ONU a clôturé lundi sa session annuelle par la promesse d’une enveloppe de 16 milliards de dollars pour l'aide au développement. Plus de 4,5 milliards de dollars seraient destinés à l’éducation, trois milliards à la lutte contre le paludisme et près de deux milliards à l'agriculture.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affiché sa satisfaction, estimant que "la mobilisation a dépassé les prévisions les plus optimistes"

En attendant, sur le continent Africain, la situation demeure désastreuse. Plus de 70 millions d'enfants ne sont pas scolarisés. Près de 900 millions de personnes souffrent de malnutrition, près de 23 millions sont malades du SIDA et dix enfants meurent du paludisme toutes les cinq minutes.

Le président français Nicolas Sarkozy, qui assume la présidence de l'Union européenne (UE), a déclaré que financer le développement de l'Afrique est "un devoir de solidarité" et "un engagement de la raison".

Il a qualifié d'"illusion" la tentative de travailler à la sécurité et à la stabilité de l'Europe sans chercher à combler l'écart de développement avec l'Afrique, principale origine de l'immigration clandestine; d'envisager la prospérité de l'Europe sans travailler à l'émergence d'un partenaire économique majeur à 14 km de ses côtes, et de prétendre assurer la sécurité alimentaire mondiale sans valoriser les ressources agricoles africaines, pour se nourrir elle-même d'abord, mais aussi pour contribuer à nourrir le monde.

"Le prix d'un seul missile permettrait de construire100 écoles dans n'importe quel pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine".

Les pays développés vont-ils tenir leurs promesses ? La réponse à cette question reste très incertaine au regard des expériences précédentes.       

Selon l'ONU, les pays développés ont respectivement promis 27, 12 et 62 milliards de dollars en 2007 et 2001 dans le cadre de l'aide officielle au développement (AOD) pour l'Afrique et de l'aide pour les pays les moins développés, mais jusqu'à la fin de l'année dernière, seuls quatre milliards et 29,4 milliards ont été concrètement décaissés.

C'est la raison pour laquelle le président tanzanien et président de l'Union africaine (UA), Jakaya Kikwete, a demandé aux partenaires de l'Afrique de traduire les paroles en action.

Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a pour sa part souligné que les pays africains ont besoin de "l'engagement de financement conséquent, du partenariat tangible, d'une stratégie innovante, des acteurs efficaces sur le chantier de développement et de réalisations".

Le secrétaire général adjoint et conseiller spécial de l'ONU pour l'Afrique, Cheikh Sidi Diarra, a signalé la nécessité pour les pays développés de tenir leurs promesses de soutenir les progrès en Afrique, plutôt que de prendre de nouveaux engagements.

Les organisations non gouvernementales Oxfam et Global Call to Action Against Poverty ont fait remarquer que le montant de 700 milliards de dollars envisagé pour sauver des institutions financières en difficulté suite à des spirales spéculatives, est cinq fois plus élevé que toutes les aides au développement et deux fois supérieur au produit intérieur brut des 49 pays les moins développés.

C'est une "routine" pour des donateurs de manquer à leurs engagements, a indiqué la directrice d'Oxfam, Barbara Stocking.

Le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Miguel d'Escoto Brockmann, a pour sa part estimé que la famine dans le monde provient d'une distribution inéquitable du pouvoir d'achat entre pays et à l'intérieur des pays.

Alors que les Etats développés se sont engagés à allouer 0,7% de leur PIB au développement voilà deux décennies, très peu ont atteint ce chiffre aujourd'hui.

Pour chaque dollar alloué à l'assistance internationale, les pays développés en versent dix dans les dépenses militaires, a déploré M. Brockmann, ajoutant que "le prix d'un seul missile permettrait de construire100 écoles dans n'importe quel pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine".

M. Brockmann a également dénoncé les politiques qui forcent les pays pauvres à importer des produits agricoles à des prix imposés du fait d'importantes subventions dans des pays dévéloppés.

"Le principe fondamental de la production d'aliments, qui est de nourrir les populations, est subordonné aux objectifs d'une poignée de multinationales qui monopolisent tous les aspects de la production alimentaire", a-t-il dit.

C’est dire combien les dès sont pipés en fait et combien les pays sous-développés sont baladés entre promesses et désillusions.

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