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Paiement de rançons aux groupes terroristes évoqué à Alger - L 'Espagne «adhère au principe» de l'interdiction

 

Aplanir les différends, rassurer un partenaire (énergétique) de premier ordre, dissiper les nombreux orages que couvent les relations algéro-espagnoles dont les derniers en date : libération – en mars et août – par Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) de trois otages espagnols contre paiement de rançon, ont donné lieu à un nouveau coup de froid entre les deux pays.

Juan Pablo De Laiglesia, secrétaire d'État espagnol chargé de l'Amérique latine, qui a effectué, jeudi dernier à Alger, une mission diplomatique à haut risque tant le royaume d'Espagne arrive désormais en tête des États «payeurs» de rançons pour la branche d'Al Qaîda en Afrique du Nord.

L'Espagne aurait versé huit millions d'euros depuis mars dernier pour faire libérer ses otages, a rapporté El Mundo que citait la semaine dernière Kamel Rezag Bara, conseiller de la présidence algérienne, pour les questions de terrorisme. La sortie publique du conseiller de la présidence algérienne n'avait, en effet, rien de fortuit et dénote de l'état d'esprit des autorités d'Alger, excédées par le torpillage ibérique de l'initiative algérienne visant à criminaliser le versement des rançons aux groupes terroristes.

Officiellement, Madrid n'a jamais reconnu le versement de rançons pour obtenir la libération des trois volontaires de l'ONG espagnole Accio Solidaria, enlevés en novembre 2009 en Mauritanie et retenus ensuite par Aqmi dans le nord du Mali. De Laiglesia, le n°2 du département des Affaires étrangères espagnol, reçu par son homologue algérien, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, n'a guère fait mieux.

L'Espagne adhère, selon De Laiglesia, au principe de l'interdiction défendu par Alger. «Nous sommes d'accord avec les initiatives, y compris celle de l'Algérie,  concernant le rejet du principe du payement des rançons», a déclaré le secrétaire d'État espagnol – propos rapportés par l'Agence APS –, rappelant au passage la position de son pays vis-à-vis de ce phénomène qui consiste à rejeter le paiement des rançons, comme l'a exprimé dernièrement, a-t-il précisé, le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos.

De son côté, Abdelkader Messahel n'a pas manqué d'égratigner, à demi-mot, l'attitude espagnole. «Avec le gouvernement espagnol, nous avons eu une longue discussion qui nous permet, aujourd'hui, d'aller de l'avant dans la coordination pour que la lutte contre le terrorisme soit plus efficace et plus globale (…) Nous avons mené l'initiative de criminaliser le payement des rançons depuis quatre ans, parce que nous avons constaté que ce phénomène est devenu très courant et le point stratégique du groupe terroriste», a-t-il expliqué. Comme pour évacuer le spectre d'une ingérence étrangère dans la région du Sahel, Abdelkader Messahel plaide «l'appropriation des Africains des problèmes de sécurité».

«Il est important que nos partenaires sachent que la responsabilité première dans la lutte contre le terrorisme est l'affaire des États, notamment africains, qui doivent prendre leur part de responsabilité dans la protection des étrangers sur nos propres territoires», a-t-il déclaré lors d'un point de presse organisé à l'issue de la rencontre des délégations algérienne et espagnole.

Plutôt que l'ingérence directe, Messahel a invité les «partenaires» des pays de la région à se résoudre à apporter une  «coopération d'appoint». «Celle-ci peut être traduite, a-t-il dit, par la formation, par les moyens techniques et matériels ainsi que par des renseignements pour les pays qui n'ont pas les moyens.»

Mohand Aziri (El Watan)

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