Séisme en Haïti: l'aide n'atteint qu'un petit nombre d'Haïtiens
L'alimentation ainsi que d'autres matériels de secours n'ont été livrés qu'à seulement 7,5% des Haïtiens , après le séisme destructeur d'une magnitude de 7,3 qui a frappé une large partie de ce pays caribéen, a rapporté mardi la presse locale.
Paralysie du transport, conditions géographiques montagneuses, effondrement des infrastructures et de la télécommunication ont empêché les équipes de secours d'accéder aux sinistrés du séisme, qui sont quelques trois millions de personnes ayant perdu leurs parents, maisons et biens.
De plus, les opérations de secours souffrent d'un manque de direction à cause des importantes pertes en vies humaines des autorités nationales et internationales, ainsi que d'un manque de coordination entre les différents groupes de secours.
Selon le Département de la Défense civile d'Haïti, le séisme a fait 75.000 morts, 250.000 blessés et plus d'un million de sans-abri.
Or, doté d'une seule piste du pays, l'aéroport de la capitale Port-au-Prince ne peut contenir que 18 avions, ce qui entraîne de fait une limitation pour la livraison de matériels de secours.
D'ailleurs, l'avion de l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) qui transportait des médecins et du matériel médical, a été empêché d'atterrir à trois reprises par les militaires américains, qui contrôlent actuellement l'aéroport.
Un autre obstacle important est la pénurie en carburant qui freine la livraison de l'aide pourtant déjà sur les lieux, a de son côté indiqué le Programme alimentaire mondial (PAM).
Selon le personnel des stations-services, cette situation s'explique par le manque de carburant, mais aussi par les dysfonctionnements des compagnies pétrolières, dont le séisme a détruit les offices et la fourniture logistique.
A cela s'ajoutent les innombrables dégâts subis par l'administration haïtienne directement causés par le séisme: au plan matériel avec les immeubles des autorités haïtiennes, dont le palais présidentiel, détruits ou endommagés, et au plan humain avec les nombreux fonctionnaires du gouvernement tués, blessés ou portés disparus.
Le siège de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) s'est effondré dans le séisme et le chef de la mission de l'ONU en Haïti, Hédi Annabi, son adjoint Luiz Carlos da Costa, ainsi que des dizaines de membres du personnel onusien, ont trouvé la mort.
Il va sans dire que la catastrophe naturelle a naturellement entraîné une aggravation de l'instabilité et l'insécurité qui rongeaient déjà le pays, et les équipes de secours se sont parfois abstenus d'opérer par crainte du pillage et de la violence.
Lors d'une visite en Haïti le weekend, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré que l'ONU avait pu assurer les repas quotidiens de quelques 200.000 personnes dans 20 centres de distribution à Port-au-Prince.
Cela reste très insuffisant car selon les estimations de l'ONU, ce sont deux millions d'Haïtiens qui ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence.
Hier mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution sur l'envoi de 3.500 Casques bleus supplémentaires en Haïti, afin de soutenir "les efforts de reconstruction et de stabilité visant un redressement rapide".
De son côté, le gouvernement haïtien a décrété un couvre-feu, largement renforcé par la présence de militaires américains et onusiens.
Les États-Unis ont dépêché quelques 10.000 soldats en Haïti, tandis que l'ONU a affirmé vouloir coopérer étroitement avec les Américains afin d'améliorer la coordination dans la livraison du matériel de secours.