Barack Obama au Caire: "l'Amérique et l'islam ne s'excluent pas"
Le président américain Barack Obama a achevé jeudi après-midi sa visite de neuf heures au Caire où il a prononcé un discours en vue d'un "nouveau départ" des relations avec les Musulmans.
"Je suis venu chercher un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans à travers le monde, un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel, un départ fondé sur cette vérité que l'Amérique et l'islam ne s'excluent pas", a déclaré M. Obama devant plus d'un millier de personnes à l'Université du Caire.
"Il faut mettre fin à ce cycle de soupçon et de discorde", a-t- il indiqué, faisant allusion à la méfiance américano-islamique provoquée il y a huit ans par la campagne antiterroriste du président George W. Bush, campagne qui a déclenché l'hostilité du monde musulman.
Selon M. Obama, beaucoup de musulmans estiment que l'Occident est hostile aux traditions de l'islam en raison des facteurs historiques et des changements considérables apportés par la modernité et la globalisation, alors que des Américains considèrent l'Islam comme étant hostile à cause d'une petite minorité de musulmans extrémistes.
Se déclarant déterminé à améliorer les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, Obama a avoué que "le changement ne peut pas avoir lieu du jour au lendemain" et qu'"un simple discours ne peut pas éradiquer la méfiance de plusieurs années".
Pour établir de nouvelles relations américano-islamiques, a-t- il dit, les deux parties doivent s'ouvrir, écouter, apprendre et respecter l'une et l'autre et chercher "les points communs".
"Le partenariat entre l'Amérique et l'islam doivent se baser sur ce qu'est l'islam, non ce qu'il n'est pas", a-t-il souligné.
Le président américain a promis d'assumer la responsabilité en tant que président américain "à la lutte contre les stéréotypes négatifs de l'islam où ils apparaissent, tout en espérant que le monde islamique ne porte pas les stéréotypes des Etats-Unis"
Faisant l'éloge de l'innovation et de la contribution de l'islam à la civilisation humaine, Obama a rappelé les liens des Etats- Unis avec l'islam et son propre fond islamique. Il a affirmé que les Etats-Unis comptent presque sept millions de musulmans qui ont enrichi le pays. "Il ne fait aucun doute, l'islam est une partie de l'Amérique", a-t-il dit.
Obama est chrétien alors que son pays est né d'une famille kenyane comprenant des générations de musulmans. Il a passé des années de son enfance en Indonésie, un pays musulman.
Obama a également réaffirmé le soutien des Etats-Unis à la solution "des deux Etats" au Proche-Orient, qui, selon lui, est dans l'intérêt du monde, appelant les Israéliens à arrêter la construction de colonies juives et les Palestiniens, notamment le Hamas, à abandonner la violence.
"La seule solution est de satisfaires les aspirations des deux parties, à travers deux Etats où les Israéliens et les Palestiniens vivent en paix et en sécurité", a-t-il dit.
Cette solution, soulignée dans la Feuille de route et l'Initiative de paix arabe, continue à être ingorée par l'actuel gouvernement israélien.
Le 18 mai dernier, M. Obama a demandé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors de sa visite aux Etats-Unis, de suspendre tous les travaux de construction des colonies.
"Les Etats-Unis n'acceptent pas la légitimité des colonies israéliennes qui constituent le grand obstacle à la reprise des négociations de paix", a-t-il indiqué.
En même temps, le président Obama a voulu être équilibré dans son discours en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, en disant que "le lien fort de l'Amérique avec Israël (...) est incasable (...) Il est basé sur les rapports culturels et historiques", a-t-il souligné.
M. Obama a aussi appelé le Hamas à mettre fin à la violence, à reconnaître les accords passés et à reconnaître le droit d'Israël à exister.
"Les pays arabes doivent reconnaître que l'Initiative de paix arabe est un départ important, mais pas la fin de leur responsabilité", a-t-il dit.
L'Initiative de paix arabe, avancée par l'Arabie saoudite et adoptée lors du sommet arabe en 2002, propose que les Arabes reconnaissent Israël en échange d'un Etat indépendant palestinien avec ses frontières de 1967.
Dans son discours, M. Obama a églaement abordé le problème nucléaire iranien, déclarant que les Etats-Unis étaient prêts à avancer avec l'Iran sans condition préalable.
"Ce problème a été une source de tension entre les Etats-Unis et la République islamique d'Iran", a-t-il dit, faisant allusion au programme nucléaire iranien qui, selon l'Occident, vise au développement de bombe atomique.
"Tout pays, y compris l'Iran, doit avoir le droit à accéder à l'énergie nucléaire pacifique, s'il se conforme aux responsabilités du traité de non-prolifération nucléaire", a-t-il dit, ajoutant: "J'espère que tous les pays de la région peuvent partager cet objectif".
Depuis qu'il a pris ses fonctions en janvier en tant que président américain, M. Obama a fait des ouvertures à l'Iran, préconisant un "nouveau départ" de l'engagement avec l'Iran. Mais Téhéran exige des modifications substantielles des politiques américaines.
Obama a indiqué peu après son accession à la présidence que la réduction de la propagation des armes nucléaires dans le monde est une priorité pour son administration. "Les Américains cherchent un monde dans lequel aucun pays ne possède d'armes nucléaires", a-t-il dit.
Plus tôt dans la journée, le président Obama s'est entretenu avec son homologue égyptien Hosni Moubarak.