Le FLEC menace de lancer de nouvelles attaques à Cabinda
Dans une déclaration faite lundi à Luxembourg et relayée par la chaîne de télévision privée de la République démocratique du Congo (RDC) Congo WEB, le secrétaire général du Front de Libération de Cabinda (FLEC), Rodrigues Mingas a menacé de lancer de nouvelles attaques dans la province de Cabinda, à l'occasion de la Coupe d'Afrique des Nations qui se déroule actuellement en Angola.
Selon M. Mingas, le FLEC entend poursuivre sa lutte jusqu'à "la libération totale" de l'enclave de Cabinda. "Nous avons averti, il y a quelques mois, le président de la Confédération Africaine de Football (CAF), Issa Ayatou du danger qu'il courait en acceptant d'organiser des matches de la CAN 2010 en territoire de Cabinda", a-t-il affirmé.
"Mais il n'a pas voulu nous écouter. Nous regrettons ce qui s'est passé avec la délégation togolaise à qui nous présentons nos sincères condoléances. Mais je dois vous dire que nous visons uniquement le gouvernement angolais. Cela ne fait que commencer. Tant que le gouvernement angolais refusera de s'asseoir avec nous autour de la table de négociations nous poursuivrons notre combat jusqu'à la libération totale du territoire de Cabinda", a souligné le secrétaire général du FLEC.
M. Mingas a également affirmé que dans sa lutte contre le gouvernement de Luanda, le FLEC ne reçoit aucun appui de la part de la RDC, ni de la République du Congo.
"Ces deux pays sont des alliés du gouvernement angolais", a-t-il fait savoir. Dans un communiqué diffusé lundi, le gouvernement angolais a réaffirmé la garantie de sécurité dans la province de Cabinda où se jouent les matchs du groupe B de la phase finale de la CAN 2010.
"Toutes les dispositions ont été prises pour que les matches de la CAN se jouent dans de bonnes conditions sécuritaires dans la province angolaise de Cabinda", a déclaré un haut responsable du ministère angolais de l'Intérieur.
Le FLEC, qui a revendiqué l'attaque de vendredi dernier contre la délégation togolaise, est un mouvement indépendantiste qui réclame depuis plusieurs années l'indépendance de l'enclave de Cabinda.
Ancienne colonie portugaise, l'enclave de Cabinda est un territoire riche en pétrole, gaz naturel et bois exotique et en faune de la forêt équatoriale vierge appelée dans la région la Forêt de Mayumbe.
Située entre la RDC et la République du Congo, l'enclave dispose d'une magnifique côte sur l'océan Atlantique. Le FLEC a toujours dénoncé les pillages des richesses de Cabinda par le gouvernement angolais, alors que la population de la dite enclave vive dans la misère et la pauvreté.
En 2006, un accord de paix a été conclu entre le gouvernement angolais et le FLEC pour pacifier la province et pour démarrer son plan de développement. Mais, plusieurs groupes dissidents du FLEC ont rejeté cet accord et ont préféré continuer la lutte armée contre le régime angolais.{mospagebreak}
LA SECURITE
La tragédie qu'a connue la délégation togolaise à Cabinda a soulevé une nouvelle fois la question de la paix et de la sécurité dans la région de l'Afrique centrale, particulièrement en Angola considéré par plusieurs observateurs comme l'une des puissances militaires de la région.
L'attaque perpétrée vendredi dernier par rebelles du FLEC contre le convoi de la délégation du Togo venue participer à la CAN 2010 en Angola a fait, selon le dernier bilan, trois morts parmi lesquels le chauffeur du bus, l'entraîneur des gardiens de but et l'attache de presse de l'équipe togolaise, ainsi que plusieurs blessés.
Suite à cette attaque meurtrière, le gouvernement togolais a décidé dans la nuit de dimanche de rappeler les Eperviers à Lomé, jugeant que la sécurité dans la province de Cabinda n'est toujours pas garantie.
La question de la sécurité lors de la CAN en Angola et de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud a occupé une bonne place à l'ordre du jour de la 29ème Conférence des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique australe (SADC), organisée en septembre dernier à Kinshasa.
Lors de ce sommet, les chefs d'Etat de la SADC ont souligné la nécessité pour les pays du bloc de s'impliquer dans la bonne organisation et la réussite des deux grands évènements sportifs qui se tiennent cette année en Afrique en générale, dans la région de la SADC en particulier, c'est-à-dire la Coupe d'Afrique des Nations en Angola, en janvier, et la Coupe du monde en Afrique du sud, en juin.
Les dirigeants de la SADC ont souhaité que ces deux évènements puissent profiter aux pays de la sous région et surtout promouvoir la coopération au développement dans divers domaines tels que la sécurité, le tourisme, les transports, les infrastructures, la libre circulation des biens et des personnes.
Malheureusement, force est de constater qu'à la lumière de l'attaque du FLEC contre la délagation togolaise, les résolutions issues de ladite conférence de la SADC n'étaient que de simples déclarations de bonnes intentions, non suivies des actes concrets. En plus, notent plusieurs observateurs, le président angolais Edourado Dos Santos, premier concerné par ces résolutions n'a pas fait le déplacement de Kinshasa pour participer au sommet des chefs d'Etat de la SADC.
"Une telle attitude était d'emblée un signe que l'Angola voulait montrer qu'il était capable d'organiser seul la Coupe d'Afrique des Nations, sans avoir à solliciter l'appui de ses voisins de la SADC et de l'Afrique centrale. L'attaque sanglante du vendredi 8 janvier 2010 contre la délégation togolaise va certainement faire refléchir le gouvernement angolais sur la nécessité d'associer les pays de la sous région dans la dynamique de paix et de la sécurité régionale", a expliqué Mankenda Voka, journaliste et éditorialiste au journal congolais L'Observateur.