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Marseille: Solidarité. S.KRIM, un groupe de musique Rap se fait ambassadeur des jeunes

C’est le Nord ! » avait lâché Michel Galabru dans Bienvenue chez les Ch’tis, comme pour annoncer une catastrophe. On a la même impression quand certains Marseillais évoquent les quartiers Nord de la ville. MOH et SP, du groupe musical S.KRIM, ne veulent pas se laisser enfermer dans ces clichés des «banlieues infréquentables» du Nord de Marseille.

Aouri Faouzi, qui dirige le centre social du quartier Solidarité dans le 15ème, se dit heureux de voir émerger Nahouza Mohamed dit MOH, animateur dans son centre. 

En effet, on ne peut pas parler de S.Krim et de Soli Muzik, l’association qui a un studio d’enregistrement, sans parler du centre social du quartier Solidarité. Car c’est de là que tout est parti.

« Préambule », le premier album de S.KRIM est déjà dans les bacs à la Fnac, à Virgin ou à Planète Saturn depuis le 19 mai ; c’est comme un avant-propos pour ces jeunes de la Solidarité qui ont tant à exprimer sur leur vision du monde, leurs constats, leurs revendications et même leur rêves.

« Nous chantons ce que nous vivons et ce que nous voyons » ; c’est MOH, 22 ans, qui nous l’explique. «Nous méritons la reconnaissance, car c’est grâce au travail que nous avons atteint un bon niveau de hip hop»

Pour en arriver à cette réalisation, il a fallu à SP et MOH d’apprendre la patience et la persévérance et la discipline des grands frères comme Zamir et Dalagni de l’association Soli Muzic, dont ils ne tarissent pas d’éloges.

Ils ont été de toutes les démarches pour convaincre les autorités régionales et urbaines de donner une chance à ces jeunes qui « en voulaient ».

« Il a fallut lutter et même harceler les autorités pendant 3 ans pour obtenir un local à la Solidarité et le financement de notre studio » avoue MOH.

Quoiqu’il passe pour une star aux yeux des jeunes de son quartier et même au-delà, lui et son ami SP n’en font pas un apanage. On le retrouve dans son travail d’animateur de centre social, jouant humblement - à son tour – le rôle de grand frère pour ces ados à l’avenir incertain.

« Le but n’est pas d’être star…c’est pour ces jeunes que je chante ». MOH a un Brevet d’Aptitude aux Fonctions de Directeur (BAFD) qui lui a permis de se faire sa place dans le centre social. « Pourquoi je fais quand même animateur ? Parce que les jeunes ont besoin des cadres, ils ont besoin d’aînés…Sans prétention, je suis un des seuls « grands frères » qui va s’arrêter cinq minutes au quartier, qui va s’asseoir avec les jeunes et qui va parler  ».
 
MOH évoque ensuite son cousin Mohamed qui le voyait traîner avec un petit gang quand il était encore adolescent et qui lui a dit des paroles qui sont restées marquées dans son esprit et qu’il répète volontiers aux jeunes qu’il encadre : « Il faut toujours te poser une question avant de faire une connerie : quelles sont les conséquences de ce que je vais faire ?  ».

Mais MOH, lui, avait un ultimatum de sa famille :  « Tu vas en prison, on te renie ! » Ça l’a quand même aidé.

Aouri Faouzi, après réflexions, fini par dire « Ne nous voilons pas la face, les jeunes des quartiers Nord méritent leur mauvaise réputation si on ne juge que leurs actes ; mais faut-il s’arrêter là ? On ne peut pas dire non plus que c’est entièrement la faute des parents ; il faut se demander : quelle est la part de responsabilité des institutions dans la situation de cette jeunesse ? »

Aouri croit fermement à l’égalité de chances, c’est pourquoi il souhaite vivement que le préfet délégué N’Gahane persévère dans sa tâche pour réaliser ce rêve. Mais pour cela, il faudra –selon lui – que les autorités mettent encore plus de moyens dans l’encadrement des jeunes.

En effet, quand on l’a fait, on a obtenu des résultats palpables à l’instar de Soli Muzik, au cœur du quartier Solidarité. MOH nous explique q’une fois qu’ils ont obtenu le financement du studio, ils ont fait de l’auto formation et de l’auto production  pour aboutir au résultat actuel.

Aujourd’hui, Soli Muzik est connu hors des frontières de Marseille, jusqu’en Belgique et en Suisse. Des artistes du hip hop et des autres genres musicaux viennent de partout pour faire leurs maquettes à petit budget à la Solidarité. Comme quoi, il suffit d’un coup de pouce et les jeunes peuvent déployer leurs talents.

Faut-il penser qu’un minimum d’instruction est indispensable pour espérer s’en sortir ? Aouri déplore les déperditions scolaires, car beaucoup de jeunes abandonnent l’école trop tôt. Selon lui, l’école n’est plus adaptée aux besoins des enfants.

MOH et SP, avec S.KRIM, continuent à lutter pour un regard neuf sur les quartiers Nord.

MOH et SP,
groupe : S.KRIM 
Album : « Préambule »
La Solidarité ; 38, chemin de la Bigotte ; 13015 Marseille
06 09 54 31  35