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Algérie : la police bastonne sauvagement des médecins en grève

«Bac+ 12 ? Et alors ? On s’en fout de leurs revendications, il est interdit d’occuper l’espace public !» Le commissaire qui hurle ainsi est à la tête de troupes anti-émeutes qui cognent et piétinnent des centaines de médecins résidents rassemblés pacifiquement mercredi 1 juin devant l’hôpital Mustapha d’Alger pour protester contre de récents propos tenus par le premier ministre à leur égard.

Le journal Algérien El Watan décrit ces scènes de violence qui ont choqué la population. Les policiers semblent avoir reçu des consignes particulières les sommant de tabasser sans retenue.

«Ce n’est pas un pays qui se respecte ! C’est grave, on demande pacifiquement nos droits et la violence est la seule réponse qu’on reçoit», déclare un médecin, dont la blouse est tachée de sang, rapporte El Watan.

«Nous avons tenu notre piquet de grève et en tentant de sortir de l’hôpital, les casques bleus nous ont pris d’assaut à l’intérieur même de l’hôpital. Ils ont commencé par nous pousser. A ce moment-là, quelques médecins se sont retrouvés par terre; ils se sont mis à les piétiner et à donner des coups de pied», raconte une praticienne.

Des centaines de « blouses blanches » arrivent malgré tout à franchir le barrage policier pour marcher en direction de l’Assemblée Nationale où ils finiront, après de nouvelles séries de coups de matraques, à être reçus par le président du parlement.

«Il nous a signifié qu’il regrettait le dérapage verbal du Premier ministre Ouyahia qui l’avait lui-même choqué. Il nous a attentivement écoutés et a plaidé pour un moratoire sur la question du service civil», explique le Dr Yelles, rapporte El Watan.

Lors de la conférence de presse animée dimanche au lendemain de la tripartite (Gouvernement-syndicat-patronat), le premier ministre avait critiqué le refus par les médecins du service civil, estimant qu’il s’agit «d’un refus destiné au gouvernement mais au peuple».

En réaction à ces déclarations jugées «méprisantes», les médecins ont réitéré dans une déclaration à l’APS leur revendication d'un «véritable projet de santé au profit du citoyen» affirmant leur disponibilité à rester plus longtemps au Sud et dans les régions  des Hauts-Plateaux en bénéficiant des moyens incitatifs.