Niger: les putschistes poursuivent leur bras de fer avec la France
Par N.TPublié le
Samedi 2 septembre, des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Niamey, capitale du Niger, pour demander une nouvelle fois le départ des troupes françaises du pays en scandant des slogans anti-français et en brandissant des drapeaux nigériens et russes.
Selon des témoins, ils s’agit du "plus gros rassemblement depuis le début des événement »
Des rassemblements ont eu lieu près de l'ambassade de France, dont l'accès a été bloqué par les forces de sécurité nigériennes.
Les militaires ont réussi à mobiliser massivement la foule à l'expiration de leur premier ultimatum : le 4 août, ils ont dénoncé les accords militaires avec la France, exigeant un départ des troupes françaises au plus tard le dimanche 3 septembre.
« Plus aucun militaire français au Niger !»
Depuis le 26 juillet, les nouvelles autorités n'ont pas cessé de critiquer l'ancienne puissance coloniale, la considérant comme responsable de tous les problèmes du pays.
Le colonel Ibroh Amadou a déclaré devant la foule fin août que "le combat ne s'arrêtera que le jour où il n'y aura plus aucun militaire français au Niger".
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), nom attribué à la junte au pouvoir, a également critiqué l'ancienne puissance coloniale et les efforts d'Emmanuel Macron en faveur d'une "invasion du Niger" visant à perpétuer une entreprise néocolonialiste.
Au fil des semaines, les militaires ont adopté une stratégie similaire à celle utilisée au Mali et au Burkina Faso voisins, en accusant la France d'avoir soutenu un ancien régime corrompu et en exigeant le départ des troupes françaises.
Les médias RFI et France 24, considérés comme la voix de la France, ont été suspendus.
Les nouveaux dirigeants de Niamey n'ont pas toujours été hostiles à la France, certains d'entre eux portent même des décorations militaires françaises.
Les membres du CNSP étaient également les interlocuteurs privilégiés des Français ces dernières années dans le cadre de l'opération Barkhane. Contrairement aux putschistes du Mali ou du Burkina Faso, les nouveaux dirigeants de Niamey occupaient déjà des postes importants dans l'ancien régime, en collaboration étroite avec la France.
Les militaires ont également demandé le départ de l'ambassadeur de France, ce qui a conduit à la révocation de son immunité diplomatique.
Depuis le début du coup d'État, la France a maintenu une position ferme aux côtés de la Communauté économique des Etats e l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), exigeant le rétablissement du président déchu au pouvoir.
La France a soutenu les sanctions économiques imposées au Niger et a affirmé sa volonté de soutenir les décisions de la Cédéao, quelles qu'elles soient.
Toute la question est de savoir si la France peut maintenir cette position dont l’issue est pour le moins incertaine. D’autant que les putschistes gagnent du temps en jouant sur les divergences franco-américaines.