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Tunisie : Ben Ali nomme un porte-parole, la jeunesse est toujours dans la rue et… sur Facebook

Le ministre de la Communication Samir Laabidi, nommé tout récemment suites aux derniers troubles sociaux, exercera également les fonctions de porte-parole du gouvernement tunisien. Ainsi en a décidé mardi le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.

Le chef de l’Etat veut à l’évidence combler une lacune et assurer à l’opinion que le pouvoir est à son écoute. Pas de quoi calmer cependant la colère des jeunes qui n’ont pas hésité à sortir une nouvelle fois dans la rue mardi et à affronter les forces de l’ordre toujours fin prêtes à user de gaz lacrymogènes et de matraques.

Etudiants, chômeurs diplômés, militants syndicalistes et des droits de l’Homme… le réseau d’information et de solidarité est par ailleurs entretenu et renforcé sur le site communautaire facebook. Bien que quasiment passée sous silence par la presse durant quelques jours, l’information s’est ainsi vite répandue, au rythme des appels à la manifestation et avec des images, photos et vidéos de la répression policière.

« Facebook a fonctionné comme une trainée de poudre, en quelques heures, plusieurs villes du pays se sont mises dans le mouvement », décrit un blogueur tunisien, cité par RFI.

Le pouvoir tunisien n’est cependant pas resté inactif, mettant immédiatement en branle des dispositifs de censure et de piratage. «on peut poster des images et des rendez-vous pour des manifestations, mais il n'est pas question de mener des discussions et des stratégies sur Facebook, car aussitôt, les comptes Facebook des leaders et des militants sont piratées par l'ATI, l'agence tunisienne de l'Internet», explique un blogueur.

« La Tunisie est l'un des cinq pays les plus répressifs au monde en matière d'Internet », commente de son côté Lucie Morillon, responsable du bureau Internet chez Reporters Sans Frontières, citée par Nouvelobs.com. Selon elle, la Tunisie censure « les sites de l'opposition politique, les sites de défense des droits de l'homme, les sites d'informations dissidents, des centaines de blogs ».

Des affrontements ont éclaté il y a une quinzaine de jours à Sidi Bouzid, une ville située à 200 km au sud-ouest de Tunis, après une tentative de suicide par immolation d'un jeune diplômé protestant contre la confiscation de la charrette de fruits et légumes qui lui servaient de gagne-pain. Depuis lors la révolte des jeunes étudiants chômeurs ne cesse de faire tache d’huile et la répression de se durcir en conséquence.