Les réseaux terroristes peuvent-ils tirer profit des troubles qui secouent le monde arabe? (Interview de Richard Barrett)
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Les réseaux terroristes, tels qu'Al-Qaïda, sont loin d'être capables d'exploiter les troubles sociaux au Moyen-Orient, a estimé, lors d'un entretien à Xinhua, Richard Barrett, chef de l'équipe de surveillance des activités d'Al-Qaïda et des talibans à l'ONU.
Au début des troubles sociaux qui se sont répandus comme une traînée de poudre dans le monde arabe, beaucoup craignaient que les extrémistes islamiques ne tentent de combler le vide laissé par les gouvernements déchus ou ne tentent de renverser des dirigeants fragilisés en vue de s'emparer du pouvoir.
Toutefois, alors que tous les yeux sont actuellement rivés sur la Libye, le seul groupe terroriste à s'être manifesté est Al-Qaïda au Maghreb islamique, basé en Algérie. L'organisation s'est déclarée prête à soutenir les protestataires appelant à la fin du règne du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Cependant, le groupe est trop faible pour fournir tout soutien réel et les Libyens n'accueilleraient pas forcément très bien ses membres, a indiqué M. Barrett, qui a souligné :"Je ne pense pas qu'ils soient très implantés en Libye".
En outre, la direction supérieure d'Al-Qaïda s'est montrée lente à répondre aux événements du Caire, qui ont entraîné l'éviction de l'ex-président égyptien, Hosni Moubarak, a-t-il rappelé.
La très forte pression que les États-Unis et leurs alliés ont exercé sur les extrémistes au cours de la dernière décennie, depuis les attentats du 11 septembre 2001, est une des raisons qui peut expliquer l'apparente incapacité des terroristes à profiter de l'instabilité dans la région, a estimé M. Barrett.
"Il leur est plus difficile d'afficher leur image et leur message maintenant", a-t-il dit, en parlant des militants.
Certaines des vidéocassettes, qui sont le moyen par lequel Al-Qaïda a l'habitude de faire connaître ses messages, arrivent maintenant longtemps après les incidents dont il est question dans les enregistrements, ce qui indique que leurs opportunités pour communiquer sont plus restreintes qu'auparavant, a-t-il expliqué.
Néanmoins, il est probable que les dirigeants du groupe suivent de près les événements actuels.
Ce qui est préoccupant est ce qui va se passer prochainement dans la région, a souligné M. Barrett.
En Égypte, l'armée gère actuellement les affaires, mais on ne sait pas ce qui va se passer dans des pays comme la Libye, où aucune institution politique viable n'est en mesure de combler le vide du pouvoir si M. Kadhafi est déposé. Le même problème existe au Yémen, a ajouté M. Barrett.
"Les pays les plus vulnérables [à l'influence terroriste] sont ceux qui n'ont aucune alternative d'aucune sorte, pas de développement de la société civile et des institutions sociales, etc", estime M. Barrett.
Une raison d'être optimiste, cependant, réside dans le fait que si plus de réformes démocratiques sont mises en place dans la région, cela pourrait affaiblir l'idéologie des terroristes, qui prospèrent sur le sentiment d'impuissance ressenti par beaucoup de gens dans le monde arabe, a-t-il conclu.