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Culture: Bilal réalise "Suspection" au Théâtre du Rond- Point

Le très célèbre dessinateur de bande dessinée Enki Bilal, dont les albums "Femme piège", "Froid Équateur" ou encore le "Cycle de Monstre"  consacré à la guerre en Bosnie-Herzégovine , "Animal'z" et "Bleu Sang", sont mondialement célèbres, a réalisé les longs-métrages "Bunker Palace Hôtel", "Tykho Moon" et "Immortel ad vitam".

 


Il a collaboré comme costimographe  et scénographe avec René Clair ou Andzej Zulavski, et notamment avec l'Albanais Angelin Preljocaj sur le ballet Roméo et Juliette ainsi que sur l'opéra "O.P.A Mia" de Denis Levaillant.

De son vrai nom Enes Bilalovic, cet artiste de 59 ans est né à Belgrade. Ana, sa mère Tchèque, avait emmené Enki et sa soeur Enisa en 1960 à Paris, où le père, Adem Bilalovic, originaire de Ljubuski, d'une petite ville d'Herzégovine, travaillait  depuis cinq ans déjà pour les créateurs de mode.

Adem Bilalovic qui fut longtemps le couturier attitré du maréchal Tito, était venu se spécialiser en France.

Installé avec sa famille à la Garenne, Bilal, alors âgé de 9 ans, dessinait. A 19 ans, il est lauréat d'un concours du journal "Pilote". Peu après, il sort son premier album:"Le bol maudit".

Le mois dernier, pour la première fois, Bilal a accepté d'être metteur en scène de théâtre. Et au "Rond Point", haut-lieu de la culture parisienne,  il a mis en scène le texte  de Fabienne Renault "Mémoire d'une teigne", adapté au théâtre sous le titre de  "Suspection".

Evelyne Bouix en est l'unique interprète.  Attachée à une table durant une heure et quart, elle répond aux questions que lui pose une voix, celle de Jean-Louis Trintignant, l'acteur privilégié des films de Bilal.

"Mon univers, dit l'auteur, est particulièrement connoté, il est souvent noir."

"Il y est question de manipulation même si les obsessions qui me sont propres, sont saines et se classent du côté de la peur, de la dictature, de la torture. Je fréquente beaucoup les monstres dans mes peintures, mes dessins, la BD ou le cinéma. Ce texte est à l'opposé de moi, c'est un regard synthétique, détaillé et précis, aimant et mordant les gens."

"J'ai imaginé Evelyne Bouix soumise  à une sorte de torture. Elle dit des textes sous la contrainte, dans un système dictatorial, une machinerie infernale dont on ne sait rien, où tout va se répéter comme dans un cauchemar absolu, kafkaïen."

"Suspection" pourrait être une interrogation sur la manipulation d'une mémoire ordinaire: comment les souvenirs d'enfance les plus anodins peuvent devenir un objet de manipulation ou de torture."

"De la Stasi à Guantanamo, l'histoire parvient toujours à justifier les enfermements, la torture, la manipulation des humains par humains pour obtenir des informations vraies ou fausses".

Déjà présentée à  Lattes, la pièce "Suspection" sera au programme du Théâtre National de Nice, du 12 à 17 février.

Enki Bilal a interrompu ses nombreuses activités pour se consacrer à cette réalisation.  Actuellement, il termine un nouvel album, et prépare un film animé en 3D sur  "Animal'z". Il doit ensuite se rendre à New York, exposer ses grandes peintures, recommandées par "Artcurial".