Billet: tous des tondus !
Par yazPublié le
Les procès en inquisition contre les officiels français, coupables d’avoir fréquenté les dictateurs dans la tourmente, vont finir par laver un peuple entier de ses pêchés. Parce que ce que l’on reproche aux ministres n’est pas si éloigné de la flagrante indifférence des citoyens anonymes qui s’offrent un week-end à Djerba ou une semaine à Louxor pour ressouder un couple ou se reposer d’un semestre de travail harassant.
Des touristes qui s’accommodent bien du dépaysement que le soleil sans démocratie leur procure. Ces mêmes gens, de retour de voyage, pourront condamner MAM ou Fillon, tranquillement postés en face de leur écran de télévision.
Pourquoi ne pas aussi tondre les coquettes qui ont osé se prélasser et bronzer sur les plages de sable fin, au pied de cossus hôtels quasiment interdits aux miséreux autochtones de mille pays sous-développés ?
Pourquoi ne pas recouvrir de goudron et de plumes Barak Obama pour avoir prononcé son discours cabotin à l’endroit des arabes ou des musulmans à partir du Caire, capitale autocratique par excellence ?
Elle est trop longue la liste des criminels illustres ou inconnus qui ont apporté leur caution touristique aux régimes les plus rétrogrades pour que nous puissions nous aventurer à pointer du doigt les salauds. Il y a autant de démocrates indignés aujourd’hui qu’il n’y a eu de collabos devenus résistants en 1945, la duplicité s’affirmant, au pays du nucléaire, comme la première des énergies renouvelables.
Alors, plutôt que de faire semblant de défendre la liberté ou la démocratie pour les autres, nous ferions mieux de laisser ces derniers se débarrasser de leurs despotes sans polluer leur soulèvement par nos remords hypocrites.
Nous n’avons jamais pensé à emporter dans nos valises et sacs de voyage vers le Dictaturistan autre chose que nos lunettes de soleil, nos tenues de plaisance et moult artifices de loisir pour revenir quelques jours plus tard au bercail, et lancer sans vergogne aux douaniers jaloux de notre teint de vacanciers, un «rien à déclarer»… qu’il s’agisse des exactions de la police de Ben Ali ou de la corruption chez Bouteflika !
N. M.