aterro.jpg

Le capitalisme père nourricier du terrorisme (point de vue)

Oussama Ben Laden a été liquidé par les Américains. Un de moins. Les USA viennent de remporter une bataille mais pas la guerre, de plus cela va redorer la popularité de Barak Obama à quelques mois de l'élection présidentielle. Tous les chefs d'Etat se réjouissent et félicitent les Etats-Unis et alourdissent leur arsenal sécuritaire car ils craignent des représailles. Un tour de vis supplémentaire pour nos libertés individuelles. Finalement, on peut se demander s'il faut pavoiser!

Les musulmans ne portent pas en eux le gène de la violence et du terrorisme. Nous ne sommes pas non plus confrontés à ce que des commentateurs ont appelé, après le 11 septembre 2001, le "choc des civilisations, le choc des cultures". L'analyse était trop rapide et simpliste.

Nous sommes au cœur du capitalisme lui-même, dans ses rapports dominants/dominés, exploiteurs/exploités. L'Occident exploite l'Orient. Le Nord exploite le Sud. Les pays riches du G20 dominent les pays pauvres ou émergents. Karl Marx écrivait au 19ème siècle, en pleine Révolution industrielle : "Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation."

Tant que cette question ne sera pas réglée planétairement, il y aura toujours les mêmes crises, les mêmes guerres. Et ce pour au moins deux raisons fondamentales.

La première est inhérente au système capitaliste lui-même.  En effet, quand on nous affirme que l'Histoire ne se répète pas c'est un énorme mensonge. Tant que nous serons régis par le capitalisme nous subiront ses crises cycliques, que tous les économistes et historiens connaissent depuis longtemps. Et les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

De 1893 à 1905, le monde capitaliste a connu une crise grave, aussi importante que celle d'aujourd'hui. Les Etats européens ouvraient les vannes du libéralisme : Projets d'une union européenne, d'une monnaie unique, de l'ouverture des frontières, de la liberté du marché etc.

La Révolution industrielle née en Grande Bretagne poussait à la globalisation de l'économie. Pendant cette crise, le chômage a augmenté partout de manière vertigineuse. Dans le même temps, la délinquance grimpait en flèche. Le terrorisme qu'on appelait à l'époque "le nihilisme" était à son apogée. La crise a été résorbée par la Première Guerre Mondiale.

Même schéma après la crise de 1929, qui trouve sa solution dans la Seconde Guerre Mondiale. A cette époque, la bourgeoisie française et les capitalistes s'exclament "plutôt Hitler que le Front populaire". Les capitalistes, eux, ont lu le Capital de Marx et l'appliquent à la lettre. Ils trouvent les solutions aux crises cycliques du capitalisme dans ses propres contradictions, dans son auto-dynamisme. Il change d'aspect mais demeure fondamentalement ce qu'il est dans ses rapports de classes exploiteurs/exploités.

La seconde raison réside dans les rapports néo-colonialistes entre le Nord et le Sud. Les pays riches n'occupent plus politiquement les territoires mais le font économiquement : Bouygues, Orange, Total etc. Ils pillent les richesses de ces pays et alimentent les caisses des Etats riches et des dictatures en place. Nous pétons dans la soie quand les peuples meurent de faim et sont dénués de tout. Dès lors, il n'est pas étonnant qu'ils se révoltent.

Reste la question de la Palestine. Ce conflit oppose arabes et juifs depuis les événements de Nabi Moussa en 1920. Il s'est aggravé avec la création légitime de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948.  Le plan de partage prévoyait la création d'un Etat juif et d'un Etat arabe.

Depuis, plus de 4,5 millions de Palestiniens vivent dans des camps de réfugiés. Depuis plus de soixante ans, des générations de Palestiniens naissent et meurent dans ces camps comme à Jenine en Cisjordanie. Des enfants n'ont connu que cette vie là et apparemment, il n'y aurait pas d'autres solutions en vue. Comment voulez-vous qu'ils n'aient pas de haine ? Quand il n'y a plus rien, plus d'issue possible, alors s'exprime la violence. Pour les Israéliens et l'Occident ce sont des terroristes, pour les Palestiniens et le monde arabe ce sont des héros, des résistants.

Enfin, Ben Laden éliminé a-t-on liquidé pour autant Al-Qaïda ? Une nébuleuse qui s'apparente plus à une griffe de haute couture qu'à un réel réseau. Les groupuscules comme l'AQIM qui s'en réclament ont en fait profité d'une légitimité prestigieuse. Il reste sur le terrain miné du Moyen Orient des organisations -comme le Hezbollah et le Hamas- financées et armées par l'Iran.

Il apparaît, dès lors, que l'éradication du terrorisme islamiste passe par la solution politique du conflit israélo-palestinien et par le changement de rapport Nord-Sud, du passage d'un néo-colonialisme qui s'avance masqué, à des coopérations mutuellement avantageuses entre toutes les régions du monde, entre les pays riches et les pays pauvres.