Salman El Herfi, ambassadeur de Palestine à Paris : «la société israélienne est l’otage d’une poignée d’extrémistes»
Par N.TPublié le
Ambassadeur de Palestine en France, Salman El Herfi revient sur les objectifs de la conférence de Paris pour la paix. Les Palestiniens en attendent un message de la communauté internationale en direction de la société israélienne, l’appelant à un rejet de la posture guerrière de Benyamin Netanyahou et de ses alliés.
_.La Conférence internationale de Paris est-elle en soi une avancée ?
Salman El Herfi. Tout à fait… Pour notre part, nous considérons, sans aucune réserve, que cette conférence est une chance pour faire avancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Nous lui souhaitons le plein succès et saluons les efforts déployés par la France…
_.Palestiniens et Israéliens ne seront pourtant pas présents à cette conférence…
S. El H. Peu importe, l’essentiel est que soient partie prenante les forces vives de la communauté internationale et que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, prenne la responsabilité de cette initiative, car la perspective d’une paix au Proche-Orient est plus que jamais éloignée dans les conditions actuelles.
_.À quels résultats concrets peut-on s’attendre ?
S. El H. Nous attendons de la conférence qu’elle appuie le principe de la création et de la reconnaissance d’un État palestinien et qu’elle aille dans le sens d’un retrait total d’Israël des territoires palestiniens et de la fin de l’occupation… L’option de deux États est toujours valable parce que la paix n’est pas seulement une nécessité pour les Palestiniens, elle l’est aussi pour les Israéliens.
_.Le communiqué final qui sera soumis à l’approbation de la conférence condamnerait notamment la colonisation israélienne…
S. El H. Nous avons pleinement confiance dans les pays amis qui participeront à cette conférence. Nous sommes convaincus qu’ils aideront à créer une situation nouvelle, ouvrant la voie à une réelle prise en considération de toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le conflit.
_.Le premier ministre israélien a qualifié cette rencontre de « stérile ». Il craint apparemment une nouvelle résolution condamnant la colonisation, comment les Palestiniens réagissent-ils?
S. El H. Nous estimons que c’est plutôt la pensée, l’attitude et le programme politique de Netanyahou qui sont manifestement stériles. Le premier ministre est dans l’échec. La société israélienne est prise en otage par une poignée d’extrémistes. Le temps est venu pour elle de s’en débarrasser, de rompre avec cette posture guerrière et tout compte fait raciste de Netanyahou et de ses alliés. Nous sommes convaincus que les jeunes Israéliens ne voudront pas appartenir à un pays qui pratique un système d’apartheid.
_.Pensez-vous que la communauté internationale ait enfin pris conscience des conséquences de cette politique, que le conflit soit à un tournant?
S. El H. La communauté internationale a déjà adressé, à l’unanimité, un premier message en direction de la société israélienne. La récente condamnation, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de la colonisation, n’est pas un fait sans importance. Nous attendons de la conférence qu’elle renouvelle ce message, appelant à une rupture avec la politique de Netanyahou qui tourne complètement le dos au processus de paix.
_.La rencontre de Paris aura lieu cinq jours avant l’entrée en fonction de Donald Trump, ne craignez-vous pas que, s’il y a des avancées, elles soient neutralisées par les positions de ce dernier ?
S. El H. Nous pensons que les États-Unis ne peuvent pas se permettre d’ignorer des positions unanimes de la communauté internationale. La rencontre de Paris réunit une soixantaine de pays.
_Dans quel état d’esprit se trouve aujourd’hui l’Autorité palestinienne ?
S. El H. Nous sommes toujours et plus que jamais déterminés à rendre justice à notre peuple, à mettre fin à une oppression de près de soixante-dix ans. La communauté internationale a le devoir d’y contribuer activement. La conférence de Paris est porteuse d’espoir.
Entretien réalisé par Nadjib TOUAIBIA