imagetun.jpg

De Marseille à Tunis, le message de la solidarité

Plus d’un millier de personnes ont défilé mercredi dans la cité phocéenne en solidarité avec le mouvement de contestation en Tunisie, à l’heure où les affrontements avec la police de Ben Ali gagnent la capitale désormais quadrillée par l’armée et sous couvre-feu.

Les manifestants se sont dirigés vers le consulat de Marseille fortement protégé par des cordons de CRS, en scandant «Ben Ali assassin» et «Sarkozy complice» et en brandissant des photos de victimes.

Les tunisiens résidant à Marseille ont visiblement décidé de surmonter la peur et d’affronter les menaces habituelles des nombreux barbouzes de Ben Ali qui rodent dans les cafés et restaurants très fréquentés par la communauté tunisienne.

Des militants de partis de gauche et d’organisations de défense des droits de l’Homme se sont joints au cortège.

«La situation a atteint un point de non retour, la peur est tombée, les jeunes ne lâcheront rien. Ils ne sont pas dupes des dernières déclarations de Ben Ali», commente Hama, la rage au cœur visiblement.

«Les centaines de milliers d’emplois promis, c’est du bidon ! Pourquoi avoir attendu que le sang coule pour les proposer ?», s’interroge de son côté Ayachi, satisfait du niveau de mobilisation et convaincu qu’elle va se renforcer au fil des jours.

Les affrontements se sont poursuivis mercredi gagnant le centre de Tunis. Ben Ali qui venait de limoger son ministre de l’Intérieur et d’ordonner la libération de certains détenus s’est empressé de décréter le couvre-feu sur la capitale et sa banlieue, où l’armée a pris position.

Cinq à douze personnes, selon les sources, ont été tuées dans le sud mercredi.

Intervenant sur France Info, l’ambassadeur de la Tunisie à l’Unesco a accusé les médias français de «souffler sur les braises». Il a traité le secrétaire général du parti communiste tunisien, arrêté mercredi à 2h du matin, de "bolchévik", lui attribuant la responsabilité des troubles en alliance avec les islamistes.

S’exprimant avec beaucoup d’arrogance, sans arguments et évitant les questions de fond liées à la nature du pouvoir en Tunisie et aux inégalités sociales, le diplomate semblait être en service commandé pour redorer le blason de Ben Ali aux yeux de l’opinion. La réalité donne dramatiquement tord à ce diplomate qui semble s’être exprimé un peu trop vite.